THE SOUVENIR

3 raisons de découvrir ce sublime diptyque

Au début des années 80, à Londres, Julie, étudiante en cinéma, rencontre Anthony, un dandy aussi charismatique que mystérieux. S’engage entre eux une relation passionnelle qui éloigne la jeune femme de ses projets et la fait vivre sous l’emprise d’un homme qui se révèle héroïnomane. Si The Souvenir Part. I s’intéresse à cette relation tourmentée, le second film explore ce dont en fait Julie, à savoir un projet de film. Une mise en abyme extrêmement bien maîtrisée qui révèle une réalisatrice majeure et célèbre l’émancipation féminine dans toutes ses grâces et fragilités.

Une idylle unique

C’est un lien tout à fait singulier qui se tisse entre Julie (Honor Swinton Byrne) et Anthony (Tom Burke, vu dans Only God Forgives de Nicolas Winding Refn), une amitié d’abord, où règnent traits d’humour et discussions intellectuelles, suivi d’un amour qui prend le pas sur tout le reste. Aux instants d’un romantisme fou, d’un amour qui semble inépuisable, se substituent parfois des moments beaucoup plus ardus où le mensonge ronge la confiance tendue entre les deux amants. La réalisatrice Joanna Hogg – qui a énormément emprunté à sa propre existence pour ces deux films – observe avec beaucoup d’acuité le délitement des liens entre Julie et Anthony tout comme elle donne à leur amour une teinte tout à fait particulière.

Escale dans le Londres des 80s

Les deux parties de The Souvenir ont beau ne solliciter que très peu de décors – dont l’appartement de Julie, où se déroule la quasi-intégralité des scènes –, c’est toute une époque qui prend forme sous nos yeux. Joanna Hogg reconstitue en effet avec une étonnante précision l’endroit où elle vivait lorsqu’elle était étudiante, y plaçant même ses propres objets. Il est d’ailleurs souvent question de meubles et de décoration dans ces films, d’un univers très caractéristique de la personnalité de Julie. Les humeurs et envies de la jeune femme se traduisent aussi par ses choix vestimentaires, d’une élégance toute britannique, aussi recherchée que désinvolte.

La révélation Honor Swinton Byrne

Née en 1997, l’époustouflante interprète principale de The Souvenir Part. I & II illumine chaque plan d’une présence oscillant entre discrétion et pleine émotion. Honor Swinton Byrne, fille du dramaturge John Byrne et de la comédienne Tilda Swinton, n’était jusque-là apparue que dans un seul film, I am Love de Luca Guadagnino, pour jouer la version jeune du personnage de sa mère. Joanna Hogg étant une très grande amie de Tilda Swinton – qu’elle a d’ailleurs fait jouer dans son film de fin d’étude en 1986 –, la réalisatrice a sollicité Honor pour incarner ce qu’elle-même fut plus jeune, une jeune femme amoureuse et une cinéaste en devenir. Un rôle complexe qui révèle une comédienne au talent fulgurant.