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LES JEUNES AMANTS
Interview romantique avec Melvil Poupaud
Éternel amoureux à l’écran, l’exigeant Melvil Poupaud atteint des sommets d’intensité sous la caméra attentive de Carine Tardieu. L’acteur se confie sur l’un de ses plus beaux rôles au cinéma, qu’il partage avec l’étincelante Fanny Ardant.
Éternel amoureux à l’écran, l’exigeant Melvil Poupaud atteint des sommets d’intensité sous la caméra attentive de Carine Tardieu. L’acteur se confie sur l’un de ses plus beaux rôles au cinéma, qu’il partage avec l’étincelante Fanny Ardant.
LES JEUNES AMANTS - Interview romantique avec Melvil Poupaud - ILLIMITÉ
Quand Pierre (Melvil Poupaud), un infirmier de 45 ans à la vie de famille rangée, croise la route de Shauna (Fanny Ardant), une femme de 70 ans à la sensualité trouble, c’est le coup de foudre. Afin de vivre cet amour qui outrepasse les conventions sociétales, Pierre est prêt à tout sacrifier… D’un scénario inachevé de la regrettée Sólveig Anspach (L’effet aquatique), la cinéaste Carine Tardieu (Du vent dans mes mollets) tire un flamboyant mélo.
Votre carrière est d’une précieuse intransigeance ; on sent que vous choisissez méticuleusement vos rôles et les cinéastes avec lesquels vous travaillez. Qu’est-ce qui vous pousse à accepter un projet ?
Melvil Poupaud : Je ne tourne pas énormément, mais j’ai l’impression d’avoir gagné en assurance avec l’âge. Les metteurs en scène me font de plus en plus confiance, et ce pour des rôles très différents les uns des autres. J’ai un besoin viscéral de changer de registre car j’ai toujours détesté l’idée d’être cantonné à un emploi. Quelque part, ma propre vieillesse me donne accès à de nouveaux horizons en tant qu’acteur. Ça me plaît.
Vous donnez la réplique à Fanny Ardant ; comment vous êtes-vous apprivoisés l’un l’autre sur le plateau ?
Je connaissais à peine Fanny mais le tournage est parti sur les chapeaux de roue ! On sortait du confinement et tout le monde était heureux de faire ce film qui avait été retardé plusieurs fois. Fanny et moi nous sommes jetés à corps perdu dans ces rôles. Dès les premiers jours, une grande complicité s’est installée entre nous. On se faisait des blagues, un peu comme lorsque deux enfants se retrouvent après les vacances, ou comme deux amis qui se reconnaissent au premier regard…
Vous avez déclaré être vous-même tombé sous le charme de Fanny Ardant… qu’est-ce qui vous séduit chez elle ?
C’est une grande actrice, elle a gardé quelque chose de l’adolescence, elle est sans âge. Sa personnalité a conservé toute sa fraîcheur et sa fougue. C’est d’un charme fou ! Sans oublier son aura d’actrice, sa beauté et son aspect parfois rock’n’roll. Tout cela la rend unique.
Votre personnage est sans peur. À la différence de ceux qui l’entourent, le regard des autres ne lui importe absolument pas. C’est une qualité qui vous a touché ?
Au début, j’ai eu peur que le rôle soit trop conventionnel. Mon personnage a quelque chose de très « normal » mais, peu à peu, on réalise qu’il camoufle une souffrance contre laquelle il a fait front plusieurs années. Puis tout d’un coup, il se laisse embarquer dans cette histoire. C’est ce qu’on appelle un coup de foudre. Ce qui me plaît chez lui, c’est la façon dont son courage est couplé à sa sensibilité. De plus, jouer un amoureux, c’est presque un rôle en soi, surtout quand c’est avec Fanny Ardant (rires)…
Vos rôles les plus célèbres ont fait de vous un éternel amoureux, que ce soit dans Conte d’été d’Éric Rohmer (1996) ou Laurence Anyways de Xavier Dolan (2012). Jouer l’amour, c’est ce qu’il y a de plus beau et de plus difficile ?
Rien n’est plus intéressant qu’autre chose ; j’adore jouer les salauds comme les comiques. Quant à la difficulté, cela n’a pas été le cas sur ce film. En revanche, je viens de tourner avec Arnaud Desplechin et, à mon sens, le rôle était beaucoup plus coriace. Mon personnage était plus extrême dans ses sentiments, jusqu’à la haine. C’était très intense à jouer, même si en l’occurrence il s’agit d’une haine qui débouche finalement sur de l’amour…
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Vous êtes « tombé dans la marmite » puisque vous avez débuté votre carrière à l’âge de 10 ans. Vous avez peut-être joué l’amoureux avant même de connaître l’amour…
Disons que j’ai commencé tellement petit que tout s’est fait en même temps. Ma vie a été synchrone avec les films dans lesquels j’ai tourné mais, ce qui est sûr, c’est que tout est décuplé lorsqu’on fait du cinéma. L’amour est décuplé lorsqu’on l’interprète, tout comme la haine est décuplée lorsqu’on incarne un salaud ; cela fait ressortir des parts de soi que l’on camoufle d’habitude. C’est tout le travail d’acteur, qui consiste à jongler avec ses propres émotions.
Fanny Ardant dit qu’elle fait davantage ce métier pour les tournages vécus que pour le résultat des films. C’est un sentiment que vous partagez ?
Fanny ne voit jamais les films dans lesquels elle joue ; elle est très attachée au moment du tournage en tant qu’aventure « avec un début, un milieu et une fin », comme elle dit. C’est un monde dans lequel elle s’élance. Pour moi c’est pareil : j’aime que le tournage soit une sorte de dépaysement. J’ai besoin de quitter le réel, en somme. Je compare souvent le tournage à un voyage en bateau ; on embarque avec un équipage et, le scénario, c’est la carte au trésor.
Visuel de couverture et illustration : Melvil Poupaud – Fanny Ardant_LJA_PHOTO_7_(c)Ex Nihilo Kare
En salles le
02 février 2022
02 février 2022