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Ténor
Entretien avec la révélation MB14
Connu du grand public via son incroyable prestation dans l’émission The Voice, Mohamed Belkhir alias MB14 a fait de sa voix un véritable instrument ; adepte du beatbox, il s’est affirmé comme un chanteur surdoué capable de varier les registres avec une grande dextérité. Son rôle poignant dans Ténor combine ses précieux talents et fait la part belle à son jeu d’acteur. Une étoile est née.
Connu du grand public via son incroyable prestation dans l’émission The Voice, Mohamed Belkhir alias MB14 a fait de sa voix un véritable instrument ; adepte du beatbox, il s’est affirmé comme un chanteur surdoué capable de varier les registres avec une grande dextérité. Son rôle poignant dans Ténor combine ses précieux talents et fait la part belle à son jeu d’acteur. Une étoile est née.
Ténor - Entretien avec la révélation MB14
Fils de l’illustre réalisateur Claude Zidi (L’Aile ou la cuisse), Claude Zidi Jr. signe avec Ténor son premier long métrage et donne à voir la rencontre explosive entre deux univers musicaux : le rap et le chant lyrique. Le tout à travers l’histoire d’Antoine (MB14), qui partage son temps entre sa passion pour les battles de rap et son job de livreur de sushis. Lors d’une course à l’opéra, il répond en chantant à la provocation d’un élève et se fait remarquer par Mme Loyseau (Michèle Laroque), une professeure de chant à la personnalité atypique…
VOUS ÊTES ARRIVÉ TRÈS TÔT SUR LE PROJET ; COMMENT CELA S’EST-IL PASSÉ ET QU’EST-CE QUI VOUS A SÉDUIT DANS LE FILM ?
Cela fait déjà 6 ans que j’ai rencontré le réalisateur Claude Zidi Jr. et le producteur Raphaël Benoliel. On a fait les premiers essais en 2017, puis il y a eu 4 ans d’attente avant que le film n’aboutisse. Cela fait 6 ans aussi que je suis tombé amoureux du projet, qui me parle intimement puisque je pratique le beatbox ainsi que toutes les formes de chant – du rap au chant lyrique. La proposition artistique m’a immédiatement séduit !
TÉNOR MONTRE BIEN À QUEL POINT VOUS SAVEZ TOUT FAIRE : VOUS RAPPEZ, VOUS CHANTEZ L’OPÉRA, VOUS JOUEZ LA COMÉDIE… QU’EST-CE QUI A ÉTÉ LE PLUS DIFFICILE ?
J’ai fait du théâtre au lycée pendant 4 ans environ, et j’attendais de pouvoir jouer la comédie depuis très longtemps. C’est la musique qui m’a amené à Ténor ! Même si j’avais quelques notions de chant lyrique avant ce film et que je pratiquais des empilements de voix comme sur ma reprise de Gangsta Paradise [celle qu’il a performée à l’occasion du télécrochet The Voice, ndlr], rien n’aurait été possible sans la chanteuse lyrique et coach vocale Caroline Fèvre. C’est elle qui m’a fait travailler d’arrache-pied sur le placement du larynx, le diaphragme, les cordes vocales, le positionnement de la langue, etc. Pouvoir chanter devant une salle sans aucun micro requiert une vraie technique.
LE POUVOIR DU FILM EST D’ATTISER NOTRE CURIOSITÉ VIS-À-VIS DE L’OPÉRA MALGRÉ QU’ON N’Y CONNAISSE RIEN. C’EST AUSSI CE QU’IL S’EST PASSÉ POUR VOUS ?
Totalement ! Le film m’a fait me découvrir une passion car, depuis, j’écoute du chant lyrique tous les jours. Il faut bien distinguer « chant lyrique » et opéra, même s’ils sont souvent associés ; le premier est vraiment une technique vocale, née bien avant le style de représentation théâtrale qui est l’opéra. En tout cas, je suis fier si le film contribue à les populariser.
ON SENT QUE CLAUDE ZIDI JR. A UN VRAI DÉSIR DE CINEMA, D’AUTANT PLUS QU’IL TRAVAILLE SUR LE PROJET DEPUIS 10 ANS…
Claude [Zidi Jr.] a eu l’idée du film il y a effectivement 10 ans ; il raconte qu’à Saint-Ouen, il est tombé sur des jeunes en jogging qui dansaient le rockabilly à un feu rouge. L’idée du contraste musical est venue de cette façon mais, entre les phases d’écriture et la recherche de producteurs, plusieurs années se sont écoulées. Je me dis que cela valait le coup tant son histoire est magnifique. C’est bien le fils de son père, Claude Zidi, qui est l’un des plus grands cinéastes français ; il a donc passé son enfance sur les plateaux de tournage, ce qui lui a conféré un œil de lynx en la matière. D’autant plus qu’il est hyper-mnésique ; un vrai disque dur ! (Rires.) Il mémorise tous les plans des films qu’il voit.
COMMENT LA COLLABORATION AVEC LUI S’EST-ELLE DEROULÉE ?
Bien qu’il fasse partie d’une grande famille de cinéma, Claude est un réalisateur très humble. Il est ouvert aux suggestions, y compris de la part des acteurs ; nous pouvions ajuster les dialogues. Tant que l’intention de la scène était là, je pouvais par exemple m’inspirer davantage de l’argot des jeunes. Lui qui ne vient pas de la banlieue, je pense qu’il a apprécié que j’insuffle une part d’authenticité au personnage d’Antoine.
ET AVEC MICHÈLE LAROQUE ?
Pareil : elle est d’une bienveillance folle ! On entend parfois des choses sur les comédiens qui ont de la bouteille, mais Michèle [Laroque] s’est comportée comme un ange avec moi. Elle est drôle, généreuse, inspirante et surtout très appliquée dans son travail. La complicité s’est créée naturellement, et ce dès le premier jour de tournage puisqu’on a démarré illico à l’opéra Garnier. On était en plan séquence avec Michèle et le ténor Roberto Alagna, à même le plateau de l’opéra ; il y avait toute l’équipe de StudioCanal, etc. Tout était réuni pour faire monter le stress, mais Michèle ne m’a pas lâché et m’a donné de précieux conseils. On a développé une vraie amitié depuis.
COMMENT SE SONT TOURNÉES LES IMPRESSIONNANTES SCÈNES DE BATTLE DE RAP ?
Ces scènes ont été tournées dans une salle de boxe transformée en maison des jeunes et de la culture ; c’était une super ambiance, il y avait des centaines de figurants et un rappeur nommé Emkal pour me donner la réplique. J’ai tout réalisé moi-même : j’ai écrit le texte quelques semaines avant le tournage et j’ai fabriqué l’instru sur mon ordinateur. Même si j’ai beaucoup pratiqué le rap dans ma jeunesse, je n’avais jamais osé m’inscrire à une battle… c’était donc une super occasion ! (Rires.) Ce rôle est un vrai cadeau du ciel, et c’est vrai que j’aurais plus du mal à m’approprier un personnage sans pouvoir y mettre ma patte artistique. C’est aussi ce qui m’effraie dans le cinéma, bien que ce soit mon grand rêve de gosse.
LE FILM A AUSSI UN VRAI PROPOS SOCIAL, CAR L’OPÉRA EST UN ART SOUVENT QUALIFIÉ D’ÉLITISTE ET DONC INACCESSIBLE A CERTAINES FRANGES DE LA POPULATION…
Disons que socialement, les classes les plus aisées sont celles qui ont les moyens d’acheter un violon, un piano ou une contrebasse à leurs enfants. C’est un phénomène de reproduction sociale : les enfants transmettent ce qu’ils ont appris à leurs propres enfants et ainsi de suite. Mais il faut savoir que l’opéra est désormais accessible à tous : sur YouTube, certains sont disponibles gratuitement. Tout le monde peut écouter de la musique classique, donc est-ce qu’on peut encore dire que l’opéra est réservé à une élite ? Je pense que c’est malheureusement un cliché qui subsiste et qui met des barrières, car on peut se rendre à l’opéra pour une trentaine d’euros aujourd’hui. C’est le prix d’un concert classique.
TÉNOR RAPPELLE LE DOCUMENTAIRE LA MORT DE DANTON D’ALICE DIOP (2011), SUR UN HOMME DES QUARTIERS POPULAIRES QUI RÊVE DE FAIRE DU THÉÂTRE CLASSIQUE. PAR PEUR OU PAR HONTE, IL NE RÉVÈLE À PERSONNE QU’IL PREND DES COURS…
Le film dit que si tu es bon, il n’y a aucune raison que tu n’atteignes pas les étoiles. Après, soyons honnêtes : peu de gens dans les cités s’intéressent au chant lyrique. Personnellement, ma famille ne vient pas de ce milieu mais je me souviens que certains camarades de classe prenaient des cours de musique classique au Conservatoire. Très tôt, j’ai donc réalisé : « Tiens, il n’y a pas que le rap dans la vie ! » Quand j’ai fait du beatbox, beaucoup m’ont dit que cela ne me mènerait nulle part ; si je les avais écoutés, je ne serais pas allé loin. Je sais que c’est très difficile et qu’on préfère parfois mettre la vérité de côté, mais il faut trouver la force de caractère pour affirmer ses choix.
Visuels de couverture & illustration : MB14 & Michèle Laroque – Ténor | Copyright David Koskas / StudioCanal
En salles le
04 mai 2022
04 mai 2022