Découvrez notre sélection de films Labels UGC
Rodéo
Génération cramée
Sensation du dernier Festival de Cannes, où il était présenté dans la section Un Certain Regard, le premier film de Lola Quivoron raconte le destin d’une bikeuse plongée dans l’univers très masculin du rodéo urbain.
Sensation du dernier Festival de Cannes, où il était présenté dans la section Un Certain Regard, le premier film de Lola Quivoron raconte le destin d’une bikeuse plongée dans l’univers très masculin du rodéo urbain.
Julia (Julie Ledru) vit de petites combines et voue une passion dévorante à la pratique de la moto. Un jour d’été, elle fait la rencontre d’une bande de motards adeptes du cross-bitume et infiltre ce milieu clandestin, avant qu’un accident ne fragilise sa position au sein de la bande…
Avec l’audace des premières fois, la réalisatrice Lola Quivoron s’empare de la brûlante thématique du rodéo urbain, autrement dit cette pratique illégale qui consiste à infiltrer la voie publique avec des motos, sans respecter les règles de sécurité ni le code de la route. Inquiétant pour certains, fascinant pour d’autres, ce nouveau « sport extrême » s’est largement imposé chez une jeunesse issue des quartiers populaires en quête d’absolu.
On ne peut que regretter les vives polémiques qui entourent Rodéo depuis sa présentation à Cannes, tant le film n’a rien d’une apologie mais tente au contraire de saisir ce qui pousse ces jeunes à se mettre en danger. Fardé d’un casting authentique, servi par une mise en scène immersive et flamboyante, le récit se vit comme un manège à sensations brutes qui ne désemplit jamais. Le tout à travers les yeux émerveillés d’une femme, Julia, qui découvre un univers souterrain où elle peut enfin trouver sa place.
L’ÉNERGIE DU DÉSESPOIR
On se souvient de Marlon Brando dans L’Équipée sauvage (1953), où il campait un rebelle en cuir parmi une bande de motards, venus déranger la tranquillité d’une bourgade américaine. 70 ans plus tard, la moto n’a rien perdu de sa symbolique subversive ni de son potentiel fédérateur. Aux voyous déshérités du film culte se sont substitués les gamins des quartiers populaires, qui trouvent ainsi un moyen de cramer leur jeunesse (et la misère afférente) en s’abandonnant au bitume.
Mais qui pour remplacer Brando ? Une femme : Julie Ledru, ardente révélation du film, insaisissable de sensualité et de virilité mélangées. Rodéo, c’est elle : une princesse en gants de cuir à la conquête de sa liberté, inconfortable et non-conforme, arrachée à toutes les injonctions. Il n’y a plus que la passion, la vie, les flammes et la route. Autant d’éléments transfigurés, voire mythifiés par la cinéaste, qui semble avoir plus que jamais compris l’élan d’une génération à vif.
Visuels de couverture & illustration : Julie Ledru – Rodeo | Copyright Les Films du Losange
07 septembre 2022