L'ORIGINE DU MONDE

Tout sur ma mère

Le cœur de Jean-Louis ne bat plus. « C’est préoccupant », résume son meilleur ami vétérinaire. D’autant plus qu’il semble toujours vivant : il parle, il marche, il se désespère de sa vie routinière et sans passion. Sa femme Valérie décide de prendre les choses en main, et le présente à une obscure guérisseuse. Pour elle, la solution est simple : il lui faut de toute urgence une photographie du vagin de la mère de Jean-Louis, pour l’aider à régler ses problèmes filiaux et le soigner.

Valérie, campée par une Karin Viard aussi revancharde qu’irritante, va faire plonger Jean-Louis (Laurent Lafitte) et son ami  (Vincent Macaigne, hilarant de niaiserie) dans ce délire spirituel en forme de parodie bourgeoise. Les voilà malgré tout pourvus d’un objectif : déshabiller la mère de Jean-Louis, par tous les moyens.

La tête la première

Jean-Louis et ses comparses doivent surmonter ce tabou brûlant. Le spectateur aussi, tant le film de Laurent Lafitte se vit comme une catharsis. Une manière de nous déloger de notre zone de confort, à l’image de celle de Jean-Louis, qui vole en éclats. Le tout non sans un humour délicieusement absurde, enchaînant situations grotesques et malaises d’anthologie. L’actrice Hélène Vincent s’en donne ainsi à cœur joie dans le brouillage des apparences ; qu’elle ait le visage d’une adorable mamie gâteau ne l’empêche pas d’apparaître revêche ou mordante, tordant l’image convenue des tranquilles personnes âgées.

L’Origine du monde (adapté d’une pièce de Sébastien Thiery), ne recule devant aucune bizarrerie. Mieux, il y plonge tête la première, empruntant çà et là aux univers loufoques d’un Bertrand Blier ou d’un Luis Buñuel. De son scenario invraisemblable, le film tire de superbes effets de surprise. Imprévisible, faisant feu de tout bois, il montre une rare malice dans sa manière de nous confronter au plus inavouable. Laurent Lafitte dynamite au passage toute bienséance attendue pour nous ramener aux origines, animales, de notre monde.