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LA VOIX D'AIDA
En guerre et contre tous
En portant à l’écran le massacre de Srebrenica, Jasmila Žbanić (Ours d’or en 2006 avec Sarajevo, mon amour) livre un film de guerre aussi atypique que bouleversant. Un drame retracé depuis le point de vue d’une traductrice insoumise.
En portant à l’écran le massacre de Srebrenica, Jasmila Žbanić (Ours d’or en 2006 avec Sarajevo, mon amour) livre un film de guerre aussi atypique que bouleversant. Un drame retracé depuis le point de vue d’une traductrice insoumise.
Aïda est assise entre les officiers de deux camps opposés ; d’un côté l’armée serbe, qui souhaite renvoyer la communauté bosniaque de son territoire, de l’autre, les Casques bleus, venus en renfort pour éviter un massacre. Elle répond à ses obligations de traductrice engagée par l’ONU, mais l’angoisse de voir sa famille menacée va prendre le dessus…
Proche de la foule des Bosniaques ou des avant-postes militaires, admirable d’abnégation, elle semble alors être la seule résistante au milieu d’une foule confrontée à la mort.
Aïda se révèle être une passeuse inespérée entre les mondes qui s’opposent.
Traduire une guerre qui ne dit pas son nom
La guerre ici dépeinte est un assiègement progressif qui enserre cette femme, et le spectateur avec, leur laissant peu de répit. Aïda, à qui l’actrice Jasna Duricic donne une incroyable justesse émotionnelle, s’engage dans une course jusqu’à l’épuisement pour mettre mari et enfants à l’abri malgré ses obligations professionnelles.
La confusion règne, la mort rôde, invisible mais palpable. À l’image d’une guerre qui ne dit pas son nom, le film déploie ainsi une violence sourde et inéluctable, saisie avec justesse et audace.
La Voix d’Aïda a su réduire le champ historique au simple regard d’une traductrice plongée dans le chaos. Le film procède ainsi par strates, dénudant l’universel de la guerre pour exposer avec justesse la vérité des souffrances intimes.
22 septembre 2021