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Armageddon Time
James Gray en pleine introspection
Pour son grand retour en Sélection officielle au Festival de Cannes, James Gray (Two Lovers, Ad Astra) met en scène son enfance au sein d’une famille juive new-yorkaise, tandis que triomphait l’idéologie réactionnaire de Ronald Reagan.
Pour son grand retour en Sélection officielle au Festival de Cannes, James Gray (Two Lovers, Ad Astra) met en scène son enfance au sein d’une famille juive new-yorkaise, tandis que triomphait l’idéologie réactionnaire de Ronald Reagan.
Armageddon Time - James Gray en pleine introspection
Milieu des années 80, dans le quartier du Queens à New-York. Le jeune Paul Graff (Banks Repeta, révélation du film) évolue au sein d’une famille juive de la classe moyenne, aux côtés d’une mère attentive (Anne Hathaway), d’un père autoritaire (Jeremy Strong) et d’un grand-père aux convictions progressistes (Anthony Hopkins). Dans l’école publique où il se rend, Paul se lie d’amitié avec un garçon noir (Jaylin Webb) tandis que le pays est abreuvé des discours nationalistes de Ronald Reagan…
Après deux récits d’aventure de grande ampleur, à savoir The Lost City of Z (2016) puis Ad Astra (2019), on n’attendait plus James Gray sur un terrain intimiste. Et pourtant, celui qui est considéré comme l’un des plus grands réalisateurs américains en activité a toujours été un spécialiste sur ce terrain. Obsédé par la question de la famille, qui travaille tous ses films en profondeur – n’est-il pas allé jusque dans l’espace pour aborder la relation père-fils ? –, Gray y revient mais sur un mode encore plus autobiographique. Inspiré de sa propre enfance, Armageddon Time suit en effet le parcours d’un enfant qui se rêve artiste au sein d’une famille aimante mais corsetée ; d’un enfant qui cultive une sensibilité hors norme et qui ne sait encore rien des conflits raciaux à l’œuvre aux États-Unis. C’est cette innocence de chaque instant qui bouleverse, puisque le cinéaste ne quitte pas le point de vue du jeune héros.
UNE ENFANCE POLITIQUE
De quoi offrir au récit une tonalité rêveuse, comme un glacis d’insouciance recouvrant une réalité plus sombre. Car il ne faut pas s’y tromper : depuis le regard du spectateur adulte, la violence d’une société plus divisée que jamais se fait jour. Division orchestrée là encore du côté de l’enfance, à travers l’opposition entre une école publique mixte mais miséreuse et une école privée riche mais nationaliste – et conséquemment raciste. En voguant entre ces deux environnements, le jeune Paul se fait ainsi le témoin d’une Amérique en pleine reconquête réactionnaire, où l’ombre de la famille Trump n’est jamais loin… D’une beauté grave, Armageddon Time est un film inquiet mais jamais vaincu ; en témoigne une magnifique scène de transmission entre le grand-père, campé par le magistral Anthony Hopkins, et son petit-fils.
Prochainement en salles.
Visuels de couverture & illustration : Jaylin Webb, Banks Repeta, Anthony Hopkins – Armageddon Time | Copyright 2022 Focus Features, LLC.