Découvrez notre sélection de films Labels UGC
L'Envol
Une fable atemporelle à Cannes
Le cinéaste italien Pietro Marcello (Martin Eden) se délocalise dans la France d’après-guerre avec Louis Garrel et Noémie Lvovsky, signant un conte atemporel sur les rêves d’une jeune fille emprisonnée. Le film inaugure aujourd’hui la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes.
Le cinéaste italien Pietro Marcello (Martin Eden) se délocalise dans la France d’après-guerre avec Louis Garrel et Noémie Lvovsky, signant un conte atemporel sur les rêves d’une jeune fille emprisonnée. Le film inaugure aujourd’hui la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes.
Adaptation libre du roman Alye parusa de l’écrivain russe Aleksandr Grin, L’Envol conte d’abord l’histoire de Raphaël (Raphaël Thiéry), un soldat rescapé de la Première Guerre mondiale qui revient dans son village et y découvre son bébé Juliette. La jeune fille grandit et se passionne pour la musique ; un jour, elle rencontre une sorcière qui lui promet que des voiles écarlates l’emmèneront loin de chez elle…
La beauté de L’Envol tient à son atmosphère très singulière pour un film hexagonal. Peu surprenant puisque, réalisé par un Italien, il est à l’image des expériences françaises relativement fréquentes chez les grands cinéastes internationaux – on citera les récents La Vérité d’Hirokazu Kore-eda (2019) ou encore Benedetta de Paul Verhoeven (2021). Ce film-ci détone précisément pour son lyrisme brumeux, inhabituel dans notre cinéma plus terre-à-terre ; Pietro Marcello injecte à la campagne une spiritualité tout italienne, déjà présente dans son superbe Bella e perduta (2015). Peu étonnant que le romancier à l’origine du récit soit affilié au « réalisme poétique » puisque ces termes caractérisent à merveille L’Envol.
UN RÉEL SUBLIMÉ
S’il est ancré dans le sol et les mains de ses protagonistes, le film travaille ainsi une ambiance de conte – que cela passe par l’image, granuleuse et hypnotique, ou par des figures atypiques comme une sorcière campée par Yolande Moreau. Raphaël Thiéry, second couteau dont a pu apercevoir l’allure gargantuesque de nombreuses fois, trouve ici le rôle de sa vie. Il a même des airs de Michel Simon, cette inoubliable « gueule » des années 30 qui a tourné pour Jean Renoir ou Jean Vigo ; c’est qu’il complète une galerie de visages comme sortis d’un autre temps, parachevée par la révélation Juliette Jouan. Cette actrice encore inconnue irradie le film de sa grâce et de sa voix brûlantes, qui ajoutent encore à son charme fantasmatique.
Visuel de couverture : Pietro Marcello – La Bocca del Lupo | Copyright Bellissima Films