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LES LEÇONS PERSANES
Face-à-face mortel
Triturant la complexité des rapports de pouvoir à l’aune du nazisme, ce film âpre vaut surtout pour son exceptionnel face-à-face entre deux grands acteurs.
Triturant la complexité des rapports de pouvoir à l’aune du nazisme, ce film âpre vaut surtout pour son exceptionnel face-à-face entre deux grands acteurs.
Dans la France occupée, Gilles (Nahuel Perez Biscayart) est déporté et s’apprête à se faire fusiller. Dans un dernier recours, il déclare mystérieusement qu’il n’est pas Juif mais Persan ; mensonge impromptu qui lui sauve la vie, car le capitaine SS Klaus (Lars Eidinger) souhaite justement apprendre le farsi. Tombé dans son propre piège, Gilles n’aura d’autre choix que d’inventer une langue chaque nuit pour l’enseigner à l’officier le lendemain. Et ce au risque que l’imposture soit découverte à chaque instant…
Les Leçons persanes est une œuvre singulière à bien des niveaux puisqu’elle n’est pas l’adaptation d’un roman, mais d’une pièce de théâtre radiophonique imaginée par Wolfgang Kohlhaase. Double challenge que de mettre en image ce qui fut prévu au départ comme une expérience sonore, basée sur cette « fausse langue » que Gilles, le prisonnier, apprend consciencieusement à Klaus, son geôlier. Nahuel Perez Biscayart, l’ardente révélation de 120 Battements par minute de Robin Campillo (2017), et Lars Eidinger, grand acteur de théâtre allemand qui s’est également illustré au cinéma, font des merveilles en mettant chacun leur talent au service de l’humanité de leur personnage.
Une justesse exemplaire
C’est cette humanité qui, précisément, confère au film tout son trouble ; malgré l’insincérité de Gilles, un lien ambigu se noue entre ces deux hommes situés aux extrémités de l’échelle du pouvoir. Or les places s’échangent et Klaus devient l’élève buvant la langue – imaginaire – du maître. Si sa crédulité n’a d’égal que sa fidélité aveugle au parti nazi, Lars Eidinger tire de cette sève pathétique une émotion inattendue, faisant de ce capitaine le véritable (anti)héros du film. Patiemment, le film de Vadim Perelman démythifie ainsi la figure du SS comme du camp de concentration, observés avec une trivialité qui renforce d’autant plus l’intensité des horreurs perpétrées à l’époque.
Les Leçons Persanes: Nahuel Perez Biscayart, Lars Eidinger | Copyright HYPE FILM
19 janvier 2022