NIGHTMARE ALLEY

Cirque de stars

Près de cinq ans après La Forme de l’eau, le réalisateur mexicain célébré pour sa maîtrise du registre fantastique revient avec un film dantesque qui prend place dans l’univers du cirque. Alors qu’il traverse une mauvaise passe, le charismatique Stanton Carlisle (Bradley Cooper) arrive dans une foire itinérante et parvient à s’attirer les bonnes grâces d’une voyante, Zeena (Toni Collette), et de son mari Pete (David Strathairn), ancienne vedette du mentalisme. Stanton s’initie aux ficelles du métier auprès de ce couple charismatique et commence à développer son propre style. Il décide bientôt d’utiliser ses nouveaux talents pour arnaquer l’élite de la bonne société new-yorkaise des années 40. Avec la vertueuse et fidèle Molly (Rooney Mara) à ses côtés, l’ambitieux se met à échafauder un plan pour escroquer un homme aussi puissant que dangereux (Richard Jenkins). Il va recevoir l’aide d’une mystérieuse psychiatre (Cate Blanchett) qui pourrait bien se révéler la plus redoutable de ses adversaires.

Il faut déjà reconnaître à Nightmare Alley la fulgurance de sa reconstitution historique, tout entière au génie et à la passion de Guillermo del Toro qui connait vraisemblablement son sujet sur le bout des doigts. Au délice de découvrir un monde travaillé avec une folle précision comme une ambiance sombre à souhait amenée par l’univers interlope des forains, il y a aussi celui d’y voir évoluer une galerie de personnages aux contours ciselés. Bradley Cooper joue de sa pleine palette pour donner à son Stanton Carlisle d’opportuniste un relief fascinant tandis que Cate Blanchett offre à nouveau une prestation renversante en psychologue manipulatrice. S’il s’agit du premier film que del Toro n’inscrit pas dans le registre fantastique, le cinéaste prodigue s’amuse de ce que l’on est prêt à croire par désespoir, des mirages salvateurs et du ballet constant des apparences. Une plongée vertigineuse dans l’envers du rêve américain.