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TROMPERIE
Fascinant dialogue adultérin
Arnaud Desplechin s’entoure à nouveau de Léa Seydoux après Roubaix, une lumière (2019) et, dans un ballet littéraire, en fait une inoubliable muse de cinéma.
Arnaud Desplechin s’entoure à nouveau de Léa Seydoux après Roubaix, une lumière (2019) et, dans un ballet littéraire, en fait une inoubliable muse de cinéma.
TROMPERIE - Fascinant dialogue adultérin - ILLIMITÉ
Adapté d’un roman de Philip Roth, Tromperie met en scène Denis Podalydès en double de l’écrivain exilé à Londres qui, dans son bureau, reçoit régulièrement la visite de son amante. Incarnée par Léa Seydoux, celle-ci se confie de longues heures à lui, sur son intimité comme sur sa vision du monde, et lui inspire le roman qu’il est en train d’écrire. En parallèle, l’auteur se remémore ces femmes qu’il a aimées dans l’adultère et à qui il doit tant…
Après une écartade réussie dans le polar avec Roubaix, une lumière, Arnaud Desplechin revient à ses premiers amours : le cinéma pensé comme une élégie littéraire, la sublimation des actrices, la superposition des récits… Mais Tromperie, l’un de ses films les plus matures, radicalise sa démarche. Les corps et les langues s’y confrontent dans des lieux en vase clos, pensés comme de véritables décors de théâtre. Il faut croire que la crise sanitaire a également participé de ce dispositif de tournage minimaliste, vidé de ses figurants ; l’occasion, pour le cinéaste, de s’abandonner à l’expérimentation formelle. Si l’atmosphère extérieure est propice à une lugubre solitude, Desplechin avance sa caméra au plus près des visages qui, avec une étonnante sensualité, finissent par dévorer le cadre et nous embarquer dans un espace purement fantasmatique.
L’amour des mots
Dans de savoureux face-à-face, les couples échangent avec vivacité à propos du sens et de la valeur de l’amour, de la place de l’art dans nos vies, de la condition féminine ou encore de l’antisémitisme. Autant de réflexions apparemment théoriques mais qui, incarnées par des actrices au sommet de leur talent (on croise pêle-mêle Emmanuelle Devos, Anouk Grinberg ou encore l’impressionnante Rebecca Marder), prennent une tout autre dimension. C’est là tout le génie poétique du réalisateur, amoureux de la langue au point d’en faire une partition musicale, voire de réaffirmer sa puissance érotique. À l’image de l’écrivain Philip, on ne se lasse pas d’écouter cette Anglaise interprétée par Léa Seydoux, jeune femme modeste et pourtant si sophistiquée. L’actrice incarne une féminité insaisissable, fascinante dans sa complexité et ses tourments intérieurs. Le générique indique d’ailleurs qu’Arnaud Desplechin a « dirigé » et non réalisé Tromperie, écart signifiant lorsqu’on constate à quel point ses acteurs brillent ici d’une éclatante lumière noire…
Visuel de couverture : Léa Seydoux et Denis Podalydès |Copyright Shanna Besson – Why Not Productions
En salles le
29 décembre 2021
29 décembre 2021