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BEN ATTAL ET SUZANNE JOUANNET
Interview vérité autour des « choses humaines »
Pierres angulaires du nouveau film d’Yvan Attal, les deux jeunes comédiens livrent une interprétation nuancée de personnages aux prises avec une réalité plurielle. Alexandre, étudiant exemplaire, est accusé d’avoir violé Mila, lycéenne effacée et fille de son beau-père. Où se niche la vérité ? Suzanne Jouannet et Ben Attal se questionnent à notre micro.
Pierres angulaires du nouveau film d’Yvan Attal, les deux jeunes comédiens livrent une interprétation nuancée de personnages aux prises avec une réalité plurielle. Alexandre, étudiant exemplaire, est accusé d’avoir violé Mila, lycéenne effacée et fille de son beau-père. Où se niche la vérité ? Suzanne Jouannet et Ben Attal se questionnent à notre micro.
BEN ATTAL ET SUZANNE JOUANNET - Interview vérité autour des « choses humaines » - ILLIMITÉ
Comment avez-vous abordé ce scénario très particulier ? Avez-vous hésité face à ces rôles ?
Suzanne Jouannet : J’avais déjà lu le livre, ce qui me permettait d’avoir une bonne idée du rôle. À la lecture du scénario, j’ai noté avec joie qu’il y avait encore plus de scènes que dans le livre pour Mila. J’étais aussi stressée par la responsabilité à porter, le sujet n’étant pas facile.
Ben Attal : C’était une évidence pour moi d’accepter ce rôle. Je crois que c’est Clint Eastwood qui disait qu’il est toujours très intéressant d’incarner des méchants. Je dois toutefois reconnaître qu’il n’était pas simple de parcourir le scénario et les phrases de mon personnage, sans interprétation…
Suzanne Jouannet : Oui, le scénario est plus tranché contre Alexandre, plus froid que lorsque c’est interprété, car justement, il y a une ambiguïté, une plus grande douceur.
Le film joue justement sur l’ambiguïté, sur la valeur que l’on donne à la parole de l’un et de l’autre. Comment avez-vous abordé vos personnages sans les juger ? Êtes-vous parvenus à les aimer ?
Ben Attal : Le spectateur se fait sa petite idée sur chacun des personnages ; il parvient un peu à démêler tout ça, mais il y a toujours une part d’ombre. Je me suis rendu compte que c’était un vrai luxe que d’aimer son personnage. Est-ce que l’amour qu’on porte à quelqu’un peut dépasser nos convictions personnelles ? C’est toute la question du film.
Suzanne Jouannet : C’était facile pour moi, Mila était comme une petite sœur. Au premier abord, j’ai eu, comme beaucoup de femmes, une réaction épidermique face au personnage d’Alexandre. Je défendais ma Mila et le trouvais, lui, complètement coupable. Je glisse désormais vers quelque chose de moins radical, avec plus de sagesse intérieure en tout cas.
Finalement, vous jouez assez peu ensemble, or tout le film repose sur votre histoire. Comment avez-vous vécu le tournage ?
Ben Attal : Il n’y a pas eu de temps de répétition entre nous et j’ai l’impression que c’était vraiment pensé pour ce moment où l’on se rencontre dans le film, cet instant où Mila arrive à table. Le « bonjour » est aussi vrai pour les personnages qu’il l’est pour nous. Nous n’avions joué que les scènes de tribunal auparavant, avec les avocats qui plaidaient devant nous…
Suzanne Jouannet : Nous nous sommes beaucoup nourris l’un de l’autre lors de ces scènes, mais à distance. Ensuite, sur le plateau, nous nous sommes croisés pour des pauses café et les personnes de l’équipe s’étonnaient de notre entente ; ils n’aimaient pas trop nous voir ensemble (rires). Figurants, techniciens, etc. faisaient leurs pronostics sur la culpabilité de nos personnages.
Ben Attal : C’est ce qui prouve qu’on est sur un sujet qui, je l’espère, va soulever des questions. Même sur le tournage, tout le monde avait un parti ; c’était un débat constant.
« Est-ce que l’amour qu’on porte à quelqu’un peut dépasser nos convictions personnelles ? C’est toute la question du film. » – Ben Attal
Vos personnages se trouvent dans l’interstice entre adolescence et vie de jeune adulte. Vous faites vous-mêmes vos premiers pas au cinéma dans des rôles importants. Le désir du jeu est-il une évidence ?
Ben Attal : Nous avons la chance de faire ce métier, même s’il y a toujours des moments de doute. Je vois mon père qui a fait des années du job le plus fun de la planète mais qui dit qu’il aurait aimé être médecin (rires). J’ai l’impression que tout le monde, au bout d’un moment, se demande si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Peut-être est-ce plus évident pour Suzanne qui a fait du théâtre avant, qui a toujours été dans ce milieu…
Suzanne Jouannet : Je pense que tous les trois mois, on se dit « Mais pourquoi je fais ça ? Je vais arrêter. » Et puis les raisons reviennent, l’évidence réapparaît. Je sais que si j’ai peur d’y aller, si je me défile, il y a des gens qui attendent derrière moi…
Vous évoluez dans un milieu qui a révélé l’affaire Weinstein. Quel regard portez-vous sur la libération de la parole et pensez-vous qu’elle soit effective dans le milieu du cinéma ?
Ben Attal : J’ai l’impression qu’il y a tellement de choses qui doivent encore se passer ; notre génération se réveille sur énormément de points mais c’est un long chemin. Pour autant, je n’ai pas envie qu’on revienne sur certains points en essayant d’avancer. Par exemple, énormément de gens condamnent la relation qu’entretient le personnage de Pierre Arditti avec celui de Quitterie (jeune femme 40 ans plus jeune, Ndlr) dans le film, qui trouvent que là est le viol. Ça m’attriste énormément de voir qu’il y a des histoires d’amour qui ne sont plus possibles. Il faut se concentrer sur les bonnes choses.
Suzanne Jouannet : J’ai le sentiment d’une progression. J’espère vraiment que le film va déclencher le débat, que les gens vont se poser des questions. Je crois qu’il faut insister sur la zone grise, sur le côté « Ce n’est pas parce qu’elle ne dit pas non que… ».
Quels sont vos prochains projets ?
Suzanne Jouannet : Motus…
Ben Attal : Une histoire d’amour avec du piano…
Charlotte Gainsbourg, Pierre Arditi – Les Choses humaines | Copyright Jérôme Prébois / 2021 CURIOSA FILMS – FILMS SOUS INFLUENCE – GAUMONT – FRANCE 2 CINÉMA
Photo de couverture : Ben Attal, Suzanne Jouannet – LES CHOSES HUMAINES – Copyright Laura Pertuy
En salles le
01 décembre 2021
01 décembre 2021