Valérie Lemercier

Dans la peau de Céline

En près de trente ans de carrière, Valérie Lemercier s’est imposée comme un précieux OVNI dans le paysage humoristique français. Véritable auteure comique, à l’image d’un Coluche au féminin, elle se fait d’abord connaître grâce aux one-woman-shows qu’elle écrit et interprète (et qui lui valent au passage trois Molières) avant d’imposer son humour décapant au cinéma. Qu’elle soit actrice chez les autres (on se souvient de son rôle, mémorable, de Béatrice de Montmirail dans Les Visiteurs en 1993) ou dans les films qu’elle réalise dès 1997 – s’illustrant par ailleurs comme l’une des seules femmes comiques à être passées derrière la caméra – Valérie Lemercier a su brillamment conjuguer son exigence d’écriture au genre de la comédie populaire.

Une adaptation à la sauce Lemercier

Aline sera « une fiction librement inspirée de la vie de Céline Dion » et de son histoire d’amour avec son manager, René Angélil, qui a découvert sa voix inimitable dans les années 1980. Renommés Aline Dieu et Guy-Claude pour l’occasion, le couple sera campé par la réalisatrice et l’acteur québécois Sylvain Marcel. Valérie Lemercier semble s’être focalisée sur le « façonnage » de Céline Dion par son époux, qui l’a catapultée du statut de provinciale moquée pour son physique à celui de superstar incandescente, la délestant de ses complexes intimes.

Mais Valérie Lemercier, forte de son authenticité créative, ne s’est pas contentée d’un biopic traditionnel. Bien au contraire, son film ne ressemble qu’à elle : sur un registre délicieusement parodique, elle y campe la chanteuse à plusieurs stades de sa vie, s’amusant de ses multiples transformations physiques. Rappelant par endroits le récent film musical A Star is Born de Bradley Cooper (2018), Aline annonce de plus franches ruptures de tons, le grotesque se superposant à un récit plus mélodramatique. Sans oublier des scènes de concerts spectaculaires, les chorégraphies scéniques de Valérie Lemercier n’ayant (presque) rien à envier à celles de la star québécoise.

Pour découvrir ce pur one-woman-show de cinéma, il faudra patienter jusqu’au 10 novembre.