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Quand les réalisatrices
crèvent l’écran
Près de 100 ans auront été nécessaires au cinéma pour s’intéresser aux femmes dans toute leur complexité, sans les relayer éternellement au rôle de faire-valoir de l’homme. 2021 se pose comme une année très encourageante pour la mise en valeur de leur travail.
Près de 100 ans auront été nécessaires au cinéma pour s’intéresser aux femmes dans toute leur complexité, sans les relayer éternellement au rôle de faire-valoir de l’homme. 2021 se pose comme une année très encourageante pour la mise en valeur de leur travail.
Quand les réalisatrices - crèvent l’écran - ILLIMITÉ
Quel a été, cette année, le point commun entre la cérémonie des Oscars, le Festival de Cannes puis la Mostra de Venise ? C’est simple : ces cérémonies – considérées comme les plus prestigieuses du secteur cinématographique – ont attribué la récompense suprême à des femmes cinéastes. La Chinoise Chloé Zhao a été saluée par l’Oscar de la meilleure réalisatrice et du meilleur film pour Nomadland, la Française Julia Ducournau a reçu la Palme d’or pour Titane puis, à Venise, une autre Française, Audrey Diwan, s’est vu récompenser pour L’Événement (en salles le 24 novembre). Un coup de fouet salvateur pour une industrie qui, depuis des décennies, peinait à récompenser ses réalisatrices.
À la conquête de l’industrie
Pour Audrey Diwan, qui s’est exprimée sur France Inter au sujet de cette drôle de conjecture, « quand on laisse des femmes faire des films, mathématiquement, il y a des chances qu’elles gagnent des prix. » Un raisonnement qui s’est largement vérifié dans les sélections de festivals où, si le nombre de films réalisés par des femmes est encore minoritaire, il ne cesse de progresser. En témoignent les chiffres du Festival de Cannes 2019, où l’on constatait déjà une progression de 26% des films de réalisatrices soumis à la compétition, pour 19% de longs métrages sélectionnés à l’arrivée. Les prétendantes à la Caméra d’or, quant à elles, y représentaient une proportion de 52% : un chiffre éloquent en ce qu’il annonce l’avènement d’une génération paritaire de cinéastes.
Cette année, au-delà de la Palme d’or décernée à Julia Ducournau, la Caméra d’or et le Prix Un Certain Regard ont ainsi été attribués respectivement à la Croate Antoneta Alamat Kusijanovic, 36 ans, pour Murina (en salles prochainement) et à la Russe Kira Kovalenko, 31 ans, pour Les Poings desserrés (en salles en février 2022). Des exemples qui soulignent les progrès faits quant aux responsabilités et aux moyens financiers alloués aux réalisatrices. Encouragées par de nouvelles représentations, celles-ci osent, par ailleurs, davantage sauter le pas. Cette (r)évolution s’est également illustrée dans le palmarès du festival du film de Saint-Sébastien, en Espagne, qui était entièrement féminin – une première historique.
Jane Campion, éternel modèle
Ces récompenses attribuées à des réalisatrices résonnent avec le retour de l’une des pionnières en la matière, Jane Campion, seule femme ayant reçu la Palme d’or (pour La Leçon de piano en 1993) jusqu’au passage de relais de cette année. Fraîchement auréolée du Prix de la réalisation pour Le Pouvoir du chien à Venise, la réalisatrice néo-zélandaise sera l’invitée d’honneur du Festival Lumière, qui débute demain à Lyon. Les cinéphiles en profiteront pour redécouvrir l’un de ses grands films, Un Ange à ma table (1990), en salles dès le 20 octobre. Cette fresque féministe en trois parties convoque d’ailleurs des faits d’actualité puisqu’y est contée l’histoire d’une émancipation : celle de l’écrivaine Janet Frame qui, dans la Nouvelle-Zélande du XXe siècle, s’est dressée contre nombre d’oppressions pour affirmer son indépendance et sa singularité en tant que femme.
En salles avec les femmes qui font le cinéma
Dans les prochaines semaines, la programmation des cinémas sera donc logiquement trusté par des réalisatrices de tous horizons. On peut dès à présent découvrir le drame militaire Mon Légionnaire de Rachel Lang, où Louis Garrel campe un lieutenant de la Légion étrangère aux prises avec la séparation familiale, et le sensible Cigare au miel de Kamir Aïnouz, où Zoé Adjani s’illustre en jeune fille rebelle affirmant son désir. Sans compter que très prochainement, deux films audacieux devraient également faire parler de leurs réalisatrices.
À commencer par Freda de Gessica Généus (en salles le 13 octobre), premier long métrage signé par une Haïtienne à avoir été présenté au Festival de Cannes. Pour donner à voir la situation chaotique dans laquelle est plongée son île, Généus brosse le portrait intime d’une famille de femmes invaincues et pleines d’optimisme face à l’adversité. Puis ce qui s’annonce comme l’un des chocs de l’automne : Pleasure de Ninja Thyberg (en salles le 20 octobre), qui expose les terribles obstacles auxquels sont confrontées les femmes dans la prolifique industrie du X aux États-Unis. Ce long métrage suédois s’est vu remettre le très prisé Prix du jury au Festival du cinéma américain de Deauville.
De quoi célébrer le cinéma au féminin et repenser son regard cet automne.
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