Zaï Zaï Zaï Zaï

Humour toujours

C’est François Desagnat, spécialiste de l’humour décomplexé à la française (on se rappelle notamment de La Beuze et des Onze commandements) qui signe l’adaptation périlleuse de Zaï Zaï Zaï Zaï, aujourd’hui en salles. Périlleuse car la bande dessinée originale signée Fabcaro engage une tonalité toute singulière, en case fixe (soit en conservant le même dessin et en modifiant uniquement les dialogues des personnages), et des personnages aux contours flous. Le film suit les mésaventures de Fabrice, acteur de comédie lunaire, devenu l’ennemi public numéro 1 depuis qu’il a oublié sa carte de fidélité, document obligatoire à présenter à la caisse des magasins. De cette situation absurde découle une incroyable épopée à travers la France.

Afin de retranscrire cette liberté et ce sens marqué de l’absurde, François Desagnat a travaillé le comique de situation, les effets visuels et l’étrangeté du monde qui entoure son héros, campé par Jean-Paul Rouve. Il faut dire que l’ancien Robins des Bois est taillé pour l’exercice, la correspondance entre l’univers de sa célèbre troupe comique et celui de Fabcaro étant évidente. Face à une société bien-pensante, pétrie de « wokisme », Fabrice dit l’ostracisation qui s’installe lorsqu’on fait un pas de côté, lorsqu’on ne suit pas à la lettre ce qu’il « faut » dire. Le monde cadenassé dans lequel il évolue est d’un conformisme sclérosant, et il est finalement très libérateur de s’attacher à celui que tout le monde rejette. Aussi tendre que délirante, la présence de Julie Depardieu – qui interprète la compagne du héros – et de Yolande Moreau contribue grandement à enrichir la teneur absurde de cette adaptation inspirée.