Découvrez notre sélection de films Labels UGC
Viens je t'emmène
La France, territoire politique et cinématographique
Avec Viens je t’emmène, Alain Guiraudie (L’Inconnu du lac) se penche sur le climat politique actuel et en tire une piquante satire. À la veille de l’élection présidentielle, son film résonne avec d’autres pépites qui, courant mars, travailleront divers sujets sociétaux.
Avec Viens je t’emmène, Alain Guiraudie (L’Inconnu du lac) se penche sur le climat politique actuel et en tire une piquante satire. À la veille de l’élection présidentielle, son film résonne avec d’autres pépites qui, courant mars, travailleront divers sujets sociétaux.
Viens je t'emmène - La France, territoire politique et cinématographique
Dans l’hiver grisâtre de Clermont-Ferrand, un attentat islamiste provoque la panique générale. Le même jour, Médéric (Jean-Charles Clichet), un trentenaire solitaire, tombe amoureux d’une prostituée, Isadora (Noémie Lvovsky) et doit composer avec l’irruption d’un jeune musulman sans-abri, Sélim (Iliès Kadri), dans le hall de son immeuble. Le débat fait alors rage entre les résidents.
Après ses fables hédonistes L’Inconnu du lac (2013) ou Rester vertical (2016), Alain Guiraudie s’aventure en ville et prend la température d’une société fracturée, à deux doigts de céder aux peurs les plus primitives.
L’humour à toute épreuve
Médéric est pris en étau, entre l’arrivée de Sélim, son désir pour Isadora et les avances de sa collègue Florence (Doria Tillier), adepte de la novlangue managériale. Le tableau fait froid dans le dos, mais on peut compter sur l’espièglerie du cinéaste, qui se moque de ces dérèglements sociétaux. Entre cauchemars grotesques et cris de jouissance, Guiraudie se plaît à semer la pagaille et invente un territoire aux accents vaudevillesques.
À la veille de l’élection présidentielle, le cinéaste alerte ainsi sur les travers obsessionnels qui guettent une France encore traumatisée par les attentats de 2015. Il affirme aussi à quel point le collectif, lorsqu’il est déconnecté de toute idéologie et qu’il est circonscrit dans une situation d’urgence, est une machine à favoriser les rencontres – même les plus inespérées – comme à élever les consciences politiques.
Politique du cinéma
Ce détour par l’humour est également au programme d’En même temps de Gustave Kervern et Benoît Delépine (en salles le 6 avril). Ils partagent avec Alain Guiraudie un goût pour le grotesque. Dans cette comédie, on suivra le duo improbable composé d’un maire de droite et d’un politicien écologiste, « collés » l’un à l’autre par un groupe de féministes.
Sur fond de problématiques environnementales, ce film signé par les réalisateurs à l’origine de plusieurs comédies politiques (Le Grand soir, I Feel Good, Effacer l’historique…) a de quoi faire, lui aussi, sa petite révolution.
Sur un mode plus dramatique, À plein temps d’Éric Gravel (en salles le 16 mars) aborde les questions de précarité de l’emploi et d’exode forcé en banlieue. Le tout à travers le parcours d’une mère célibataire, campée par Laure Calamy, écartelée entre l’urgence de conserver son emploi et une grève des transports qui la contraint à un emploi du temps intenable.
Après Une femme du monde, où elle incarnait une prostituée pointée du doigt par les institutions et révoltée par ses conditions de travail, l’actrice revient avec un autre projet engagé.
Enfin, le documentaire La Campagne de France de Sylvain Desclous (en salles le 9 mars) donnera à voir les élections municipales depuis un petit village d’Indre-et-Loire, où se disputent trois candidats dont Mathieu, un jeune homme bien décidé à l’emporter.
Le film dresse le portrait d’une France rurale, à mille lieues des politiques nationales, en proie à la désertification mais pas défaitiste pour autant. Autour de Mathieu et de son vieil acolyte se dessine ainsi une étude de caractère poétique et forte en émotions.
Visuels de couverture & illustration : Viens je t’emmène – Noémie Lvovsky | Copyright Les Films du Losange
En salles le
02 mars 2022
02 mars 2022