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Un beau matin
Touchée par la grâce
Devant la caméra de la sensible Mia Hansen-Løve, Léa Seydoux irradie dans un rôle plus intimiste qu’à l’accoutumée, où elle incarne une trentenaire écartelée entre la déliquescence de son père et son histoire d’amour naissante.
Devant la caméra de la sensible Mia Hansen-Løve, Léa Seydoux irradie dans un rôle plus intimiste qu’à l’accoutumée, où elle incarne une trentenaire écartelée entre la déliquescence de son père et son histoire d’amour naissante.
Un beau matin - Touchée par la grâce
Sandra (Léa Seydoux), jeune mère qui élève seule sa fille, rend souvent visite à son père malade, Georg (Pascal Greggory). Tandis qu’elle s’engage avec sa famille dans un parcours du combattant pour le faire soigner, Sandra fait la rencontre de Clément (Melvil Poupaud), un ami perdu de vue depuis longtemps. Mais est-elle prête à vivre une histoire d’amour ?
Connue pour ses portraits au long cours, attentifs aux mouvements du quotidien et ancrés dans un univers tactile, à l’image de certains grands du cinéma japonais, la réalisatrice Mia Hansen-Løve trace un sillon bien personnel depuis 15 ans déjà. Mais celle à qui l’on doit Eden (2014) ou plus récemment Bergman Island (2021) semble avoir passé un cap avec Un beau matin. Un film étonnant dans son rythme presque évanescent, petit miracle en ce qu’il conjugue la maîtrise, héritée d’une expérience de plusieurs films, à une légèreté romantique encore jamais atteinte chez la cinéaste.
Si l’ombre d’un maître dénommé Éric Rohmer plane sur le film, redoublée par la présence de Pascal Greggory au casting, Mia Hansen-Løve insuffle encore davantage de sensualité à la dérive existentielle de son héroïne. Peut-être est-ce dû au magnétisme de Léa Seydoux qui, délaissant les rôles « spectaculaires » récemment endossés pour la saga James Bond ou le cinéaste David Cronenberg, se met cette fois au service d’un récit plus fragile, plus pudique mais aussi plus subtilement émotionnel.
UN RÉCIT EMPATHIQUE
Inspiré du propre vécu de la cinéaste, Un beau matin s’inscrit dans la veine du sublime Un amour de jeunesse (2011), qui explorait le trajet romantique d’une femme pas encore tout à fait adulte et dans lequel se projetait déjà Mia Hansen-Løve. Ici cette femme a mûri, elle élève seule un enfant et doit composer avec la mort imminente de son père ; mort symbolique et d’autant plus violente qu’elle concerne la perte de mémoire et la relégation dans un EHPAD.
Cette héroïne rattrapée par ses responsabilités d’adulte et déjà hantée par un passé amoureux, une « première vie » qu’il s’agit de réinventer, la cinéaste la regarde vivre avec une bouleversante empathie, sans jamais se délecter de sa souffrance ni contraindre ses désirs. Au contraire : Un beau matin est pétri des contradictions inhérentes à ce qu’on appelle la vie, et la cinéaste d’oser recouvrir le mélodrame filial avec une magnifique (et toujours fragile) histoire d’amour, comme un rayon lumineux viendrait fendre les nuages noirs à l’horizon.
Visuels de couverture & illustration : Léa Seydoux, Camille Leban Martins, Melvil Poupaud – Un beau matin | Copyright Les Films du Losange
En salles le
05 octobre 2022
05 octobre 2022