Découvrez notre sélection de films Labels UGC
TWIST À BAMAKO
Le Mali souverain de Robert Guédiguian
Animé par son engagement en faveur des luttes sociales, l’infatigable cinéaste marseillais signe une épopée romanesque et politique dans le Mali des années 60.
Animé par son engagement en faveur des luttes sociales, l’infatigable cinéaste marseillais signe une épopée romanesque et politique dans le Mali des années 60.
TWIST À BAMAKO - Le Mali souverain de Robert Guédiguian - ILLIMITÉ
1962. Le Mali goûte à l’indépendance acquise deux ans auparavant, sous la présidence socialiste de Modibo Keïta. Tandis que la jeunesse de Bamako profite d’une liberté inespérée et se déhanche au rythme du twist importé de l’Occident, Samba (Stéphane Bak), fils d’un commerçant bourgeois, prône l’idéal révolutionnaire jusque dans les villages les plus reculés. Dans l’un d’eux, il rencontre Lara (Alice Da Luz), fougueuse jeune femme qui tente d’échapper à un mariage forcé. Touché, Samba la prend sous son aile et lui fait rejoindre sa lutte…
Si Robert Guédiguian est surtout connu pour avoir immortalisé le quartier marseillais de l’Estaque et sa fidèle troupe de comédiens, de Dernier été (1981) au récent Gloria Mundi (2019), Twist à Bamako se place dans la lignée des quelques pas de côté qu’il a effectués hors de la cité phocéenne. Le réalisateur ne se départit pas pour autant de l’aspect social (on pourrait même dire sociologique, tant il a su capter les mutations d’une même ville) singulièrement présent dans son œuvre, qu’il combine à un lyrisme assumé. C’est encore cette veine qui innerve le film et lui confère sa profondeur, puisque la lutte révolutionnaire menée par les partisans du socialisme s’accomplit dans le sillage d’une intense histoire d’amour ; un amour lui-même révolutionnaire en ce qu’il s’oppose à la tradition. Pour figurer la défiance des nouvelles générations, Robert Guédiguian donne d’ailleurs à voir l’émergence du twist en terre malienne.
Une fable résistante
Twist à Bamako vise juste en investissant une sphère intime qui entre en résonance avec le pays tout entier. En témoigne la beauté de ce petit bar de quartier où se rend la jeunesse libre, véritable lieu-symbole tout en lumière nacrée et vêtements de fête. De sa main d’éternel révolté, le cinéaste offre à Stéphane Bak (L’Adieu à la nuit) un rôle iconique et lui confie des mots puissants qui, en creux, invoquent la figure du révolutionnaire burkinabé Thomas Sankara. L’humanisme, l’esprit visionnaire et le destin hors norme de ce dernier sont partout présents dans Twist à Bamako, un film qui s’autorise une grande ampleur romanesque et transforme son couple en héros tragiques. Le « paradis perdu » (ses plus beaux instants sont comme immortalisés par un appareil photo imaginaire) que Robert Guédiguian met en scène, non sans valoriser la cinégénie d’un continent en manque d’images, appelle enfin à se remémorer des idéaux qui, en Afrique ou ailleurs, n’ont rien perdu de leur pertinence politique.
Visuel de couverture : Twist À Bamako | Copyright AGAT FILMS
En salles le
05 janvier 2022
05 janvier 2022