Tempura

Ultra moderne solitude

La jeune et solitaire Mitsuko consacre le plus clair de son temps à peaufiner des recettes de cuisine dans son petit appartement situé au cœur de Tokyo. En célibataire aguerrie et épanouie, chaque jour est pour elle propice à un nouveau défi. Le dernier en date ? Inviter un garçon à dîner…

Adapté d’un roman de Risa Wataya, Tempura a conquis le public japonais lors de festivals locaux avant de se voir exporté jusque dans l’Hexagone. Et pour cause : véritable enchantement, ce film offre un portrait incroyablement riche d’une jeunesse tokyoïte en pleine reconfiguration sentimentale. Plus libres, les mœurs permettent en effet un large éventail de choix amoureux ; de quoi démultiplier les chemins à emprunter, mais aussi sombrer parfois dans le doute…

Pour illustrer cette (r)évolution, la cinéaste met d’ailleurs en scène un personnage peu commun au cinéma : soit Mitsuko, une jeune femme qui assume son célibat et en tire un réel épanouissement. Campée par « Non », une jeune actrice exceptionnelle, cette héroïne des temps modernes fascine par sa personnalité haute en couleur et profondément optimiste. Ses émotions s’incarnent d’ailleurs à l’écran via des séquences pop, notamment lorsqu’elle relève un défi qu’elle s’est donnée à elle-même.

UNE FLAMBOYANTE HÉROÏNE

C’est bien Mitsuko qui fait tout le charme de Tempura, une comédie romantique moins centrée sur l’idée du couple que sur le célibat. Un statut très répandu aujourd’hui et à tous les âges, mais dont la cinéaste ne fait jamais un fardeau. Au contraire : il s’agit pour l’héroïne de former d’abord un « couple » avec elle-même et d’entamer un dialogue intime avec sa conscience, laquelle est astucieusement personnifiée par une voix masculine nommée « A ».

Cette dernière lui donne autant de défis pour apprivoiser sa solitude : faire un tour seule à la plage, partir seule en voyage, etc. Une manière de signifier que le couple, aujourd’hui, ne doit plus advenir comme faire-valoir ni comme condition indispensable à l’épanouissement. Mitsuko est ainsi envisagée jusqu’au bout comme une femme indépendante, et la comédie romantique de se greffer subtilement au récit sans anéantir la densité d’un personnage qui, de sa solitude, tire une force vitale souvent émouvante.

^{Visuels de couverture & illustration : Tempura | Copyright Art House}