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SUPRÊMES
De la bombe, bébé
La réalisatrice Audrey Estrougo signe un biopic brut de décoffrage sur les débuts du mythique groupe de rap français NTM, porté par les révélations Théo Christine et Sandor Funtek.
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La réalisatrice Audrey Estrougo signe un biopic brut de décoffrage sur les débuts du mythique groupe de rap français NTM, porté par les révélations Théo Christine et Sandor Funtek.
SUPRÊMES - De la bombe, bébé - ILLIMITÉ
En 1989, Didier Morville et Bruno Lopes traînent leurs guêtres dans une cité du 93. La misère sociale fait partie de leur quotidien. Avec les jeunes du quartier, ils forment le collectif Suprêmes et s’approprient les codes de la culture hip-hop naissante, où danse et graff côtoient la musique rap. Peu à peu, ils se mettent à écrire en duo et à donner des concerts aux alentours. Lorsqu’un producteur de musique les repère, c’est le début d’une aventure hors du commun pour ceux qui se font désormais appeler JoeyStarr et Kool Shen.
Audrey Estrougo (Une histoire banale, La Taularde) s’empare d’une période charnière dans l’affirmation artistique des jeunes issus des banlieues françaises déshéritées. Ceux-ci ont alors trouvé dans le hip-hop une façon de s’approprier une culture et d’exprimer leur spleen à voix haute. Les futurs JoeyStarr et Kool Shen en sont l’incarnation, passés en quelques années du statut d’invisibles à celui d’icônes. Un terreau fertile pour la réalisatrice, qui transforme leur parcours à l’écran en une grande ascension romanesque.
Rappeurs frondeurs
Littéralement habités par leur personnage, Théo Christine (qui campe Didier Morville) et Sandor Funtek (l’interprète de Bruno Lopes) portent le film de leurs bras musclés et de leur voix déchaînée. Après un an et demi d’une intense préparation, ils sont eux-mêmes devenus rappeurs : exceptionnelles, les nombreuses scènes de concert qui émaillent Suprêmes sont chantées en live et performées avec une rare animalité. Portrait d’une époque, ode à l’art de la rue, escalade du succès… Audrey Estrougo agence ces thématiques en un flamboyant pêle-mêle sur l’énergie et les espoirs d’une jeunesse intemporelle.
La beauté de Suprêmes tient à ce choc explosif entre la culture street et le système plus mainstream des grands studios, auquel JoeyStarr et Kool Shen doivent se conformer pour réussir. C’est sans compter sur leur personnalité rebelle et leur authenticité à toute épreuve car, en vérité, c’est bien leur rap énervé qui entre comme par effraction dans la culture populaire et s’apprête à séduire des millions de jeunes. Audrey Estrougo donne ainsi à voir la revanche des méprisés sur ceux qui les méprisaient, non sans rappeler un mouvement punk avec lequel NTM a bien des points communs. Un propos social brillant de subtilité qui, loin de ramener le film aux archétypes de banlieue, se sert toujours de la musique pour exprimer sa vision du monde.
La cinéaste n’oublie pas pour autant de creuser des failles plus intimes, liées notamment à la difficile relation qu’a entretenue JoeyStarr avec son père… De quoi éclairer son parcours d’une lueur plus sombre et achever de faire de Suprêmes un vrai choc émotionnel.
Photo de couverture : Théo Christine, Sandor Funtek – Suprêmes | Copyright Gianni Giardinelli / Sony Pictures Entertainment France
En salles le
24 novembre 2021
24 novembre 2021