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Murina
Mal de père
Produit par Martin Scorsese, l’impressionnant premier film de la Croate Antoneta Alamat Kusijanovic délocalise un poignant récit d’émancipation féminine sur le territoire atypique d’une île où l’on chasse en haute mer. Caméra d’or au dernier Festival de Cannes.
Produit par Martin Scorsese, l’impressionnant premier film de la Croate Antoneta Alamat Kusijanovic délocalise un poignant récit d’émancipation féminine sur le territoire atypique d’une île où l’on chasse en haute mer. Caméra d’or au dernier Festival de Cannes.
Murina - Mal de père
Au cœur d’une île croate, la jeune Julija (Gracija Filipovic) souffre de l’autorité excessive de son père mais trouve du réconfort dans les profondeurs de l’océan. L’arrivée de Javier (Cliff Curtis), un riche ami de sa famille dont elle tombe amoureuse, détériore davantage la relation qu’elle entretient avec le patriarche… La jeune femme parviendra-t-elle à gagner sa liberté ?
Version élargie de son court métrage Into the Blue (2017), très remarqué à l’international, Murina est un vrai tour de force pour la jeune réalisatrice croate Antoneta Alamat Kusijanovic qui, à 36 ans, a même été repérée par Martin Scorsese. On comprend aisément ce dernier : très singulier, le film porte un regard à la fois atypique et universel sur la condition féminine. Aussi solaire que solitaire, Julija est d’ailleurs l’une des plus fortes héroïnes de ce printemps de cinéma ; filmée sans coquetteries par la réalisatrice, elle se distingue d’abord par son charisme naturel (à noter l’impressionnante photogénie de sa jeune interprète) et sa belle physicalité, mise en avant par des séquences de pêche sous-marine en immersion totale.
UN RÉCIT ANCESTRAL ET FLAMBOYANT
Avec malice, la cinéaste interroge et déplace notre regard : Julija a beau être constamment affublée d’un élégant maillot de bain une pièce, son costume relève moins de l’atout glamour que de l’armure de guerrière, transfigurant la silhouette robuste de la jeune femme. Selon le même principe, Antoneta Alamat Kusijanovic se réapproprie cadres et décors pour nous embarquer dans un conte immémorial et revitaliser les codes de la tragédie grecque ; sur une petite île croate se déchirent ainsi des personnages iconiques (le père tyrannique, la princesse empêchée, le prétendant interdit), croqués en deux temps trois mouvements avec une efficacité et une justesse exemplaires. À la clé : une découverte sur tous les plans et, peut-être, la grande réalisatrice de demain.
Visuel de couverture : Gracija Filipovic & Cliff Curtis – Murina | Copyright Antitalent / RTFeatures
En salles le
20 avril 2022
20 avril 2022