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Memoria
La science des rêves
Plus spectrale que jamais, Tilda Swinton fascine en herboriste désorientée dans Bogota, sous le regard du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul. Une quête introspective, récompensée par le Prix du Jury au Festival de Cannes cette année.
Plus spectrale que jamais, Tilda Swinton fascine en herboriste désorientée dans Bogota, sous le regard du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul. Une quête introspective, récompensée par le Prix du Jury au Festival de Cannes cette année.
Memoria - La science des rêves - ILLIMITÉ
Il avait marqué les esprits en 2010, avec un film aussi labyrinthique que son patronyme : Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures (Palme d’or 2010). Apichatpong Weerasethakul nous y perdait sous le feuillage rêveur de la jungle thaïlandaise. Il nous plonge cette fois dans les rues de Bogota, dans lesquelles une scientifique enquête sur un bruit énigmatique retentissant régulièrement dans sa tête.
Un son qui fait écho à l’expérience personnelle du réalisateur. Il n’a pas voulu comprendre ni élucider cette sensation étrange, l’explication rationnelle n’étant jamais un enjeu dans ses films. Il a plutôt souhaité se laisser porter par elle, comme un signe manifeste de son dépaysement. Memoria, salué cette année à Cannes par le Prix du Jury, nous invite à ce voyage.
La clef des songes
La durée des plans-séquences, la patience du personnage comme celle du spectateur, font alors office de clef pour percer le secret des songes du cinéaste. Comme lorsque Jessica -personnage porté par le magnétisme de Tilda Swinton- tente longuement et calmement de recréer le bruit qui l’obsède avec un ingénieur du son. Elle cherche ainsi à en appréhender toute l’épaisseur. Ou lorsqu’elle tente d’en savoir plus sur l’histoire de la Colombie, aux côtés d’une archéologue jouée par Jeanne Balibar.
Ces rêveries et fantômes du passé qui surgissent sont sertis d’une forme de fantastique discret, une minimale étrangeté. Weerasethakul a toujours invoqué les esprits de cette manière décalée. Dans Oncle Boonmee, il convoquait déjà implicitement la violence militaire contre les communistes, dans la Thaïlande des années 1970.
Ce nouveau film, réalisé loin de son pays natal, affiche sa croyance en une mémoire universelle. Peu importe d’où l’on vient, comme un « bang » elle arrive par à-coups, sans crier gare, parfois de manière heurtée. Avec Memoria, Weerasethakul nous invite à prendre le temps de s’ouvrir à elle. Et peut-être, un jour, trouver l’apaisement.
Photo de couverture : Jeanne Balibar, Tilda Swinton – Memoria | Copyright Kick the Machine Films/Burning/Anna Sanders Films/Match Factory Productions/ZDF/Arte/Piano 2021
En salles le
17 novembre 2021
17 novembre 2021