Lui

Guillaume Canet face à ses démons

C’est en plein confinement – alors que le tournage de son dantesque projet Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu avait été stoppé – que Guillaume Canet a muri Lui, un film foncièrement personnel. Inspiré par des faits marquants de sa propre existence, il a écrit le scénario en quelques semaines, laissant libre court aux idées amenées par son introspection. Et qui d’autre que lui-même pour interpréter ce compositeur en mal d’inspiration, qui quitte femme et enfants pour s’installer dans une vieille maison sur une île bretonne déserte ?

Seulement voilà, cette échappée en territoire de repos ne se déroule pas comme prévu. À peine arrivé sur place, il se trouve coincé par un piano désaccordé et des proches qui lui rendent visite… ou du moins dans son imaginaire. Des apparitions assez peu agréables qui sont autant d’angoisses pour cet homme perdu, torturé par une vie qui ne lui convient plus. L’occasion pour lui de faire se rencontrer sa femme et sa maîtresse (délicieuses Virginie Efira et Laetitia Casta), de mettre les choses au clair avec son père (Patrick Chesnais) ou encore de discuter avec ses enfants.

Habitué aux films d’envergure, Guillaume Canet explore ici un format plus court et se lance courageusement dans un drame psychanalytique où l’humour flirte avec le tourment. Dans une mise en abime assez vertigineuse, le réalisateur convoque la difficulté de trouver l’inspiration et de se confronter à ses propres démons. Entouré d’un casting prestigieux, il prend un évident plaisir à faire dialoguer ses acteurs et à avancer sur la corde raide, au bord du malaise. Un exercice d’équilibriste qui confirme le talent de Canet pour une écriture inspirée des mille aléas de la vie et donne à son propos une universalité bienvenue.