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Les Secrets de mon père
L’horreur et la tendresse
Ce film d’animation sur les années qui ont succédé à la Shoah permet à sa réalisatrice Véra Belmont (Survivre avec les loups), âgée de 90 ans, de raconter une histoire dont elle se fait la sublime dépositaire.
Ce film d’animation sur les années qui ont succédé à la Shoah permet à sa réalisatrice Véra Belmont (Survivre avec les loups), âgée de 90 ans, de raconter une histoire dont elle se fait la sublime dépositaire.
Les Secrets de mon père - L'horreur et la tendresse
Dans les années 60, en Belgique, Michel et son frère Charly vivent une enfance heureuse dans leur famille juive. Leur père, taiseux et discret, ne livre rien de son passé. Les deux frères l’imaginent en grand aventurier, pirate ou chercheur de trésors… Mais que cache-t-il en réalité ?
Surprise : la discrète mais essentielle cinéaste française Véra Belmont, qui a révélé Charlotte Valandrey dans Rouge baiser (1985) et dirigé Sophie Marceau dans Marquise (1997), réalise son premier film d’animation à l’âge de… 90 ans ! Le tout via l’adaptation sur grand écran de la bande dessinée Deuxième génération de Michel Kichka (2012), où ce dernier racontait la manière dont son propre père lui a longtemps caché être un survivant de la Shoah. Un projet qui tenait visiblement à Véra Belmont, née en 1932, elle-même fille d’immigrés juifs biélorusses déportés dans les camps pendant la Seconde Guerre mondiale.
Avec la sagesse de 90 ans d’existence, voilà pourtant qu’elle s’est attelée à une forme inédite dans sa carrière : l’animation, idéale pour s’adresser jusqu’aux plus jeunes générations et pour illustrer l’horreur sans devoir la reconstituer physiquement. Le résultat, d’une grande dignité, laisse ainsi une belle place à l’imaginaire tout en s’offrant le luxe d’éclairer une période relativement obscurcie dans l’histoire de France.
L’ANIMATION COMME REMÈDE
C’est que le film est précisément nourri par une question : comment représenter à l’écran ce qui appartient au domaine de l’horreur, de l’immontrable ? Véra Belmont se la pose en tant que cinéaste, et en tire deux conclusions : en passer par l’animation, autrement dit prendre du recul sur le réel pour s’autoriser davantage de poésie, et choisir d’adapter l’histoire de Michel Kichka plutôt que de raconter les camps dans leur frontalité. Mais cette question trouve aussi un écho plus secret dans le personnage du père, au centre du film ; ce dernier refuse lui aussi de « se représenter » à nouveau ce dont il a été victime, et même d’en prononcer le nom.
La trame du récit s’inspire ainsi des années d’après-guerre, où le traumatisme était encore à vif et où les populations n’avaient pas encore pris la mesure du crime. Les premiers concernés étaient ainsi encouragés à se taire pour ne pas « fracturer » des pays encore fragilisés par la guerre, mais ce faisant la jeunesse était parfois ignorante du destin de ses propres parents. De quoi aborder le devoir de mémoire à hauteur d’enfant, non sans une élégance et un sens du récit qui forcent l’admiration.
Visuels de couverture & illustration : Les Secrets de mon père | Copyright Je suis bien content 2022
En salles le
21 septembre 2022
21 septembre 2022