Les Huit montagnes

Une amitié au sommet

Adapté du roman éponyme de Paolo Cognetti, Les Huit montagnes conte l’intense amitié entre deux garçons que tout opposait au départ : à savoir Pietro, un urbain venu passer ses vacances d’été dans le Val d’Aoste avec ses parents, et Bruno, élevé en pleine nature dans la rusticité. En grandissant, les deux amis vont s’éloigner puis se retrouver au sommet des montagnes de leur enfance ; leur amitié, elle, restera-t-elle aussi immuable que les neiges éternelles ?

Filmé dans un élégant format carré, ce récit ample qui s’étend sur plus de vingt ans fait la part belle aux amitiés à la vie à la mort ; celle que content Félix Van Groeningen et Charlotte Vandermeersch est d’autant plus sublime qu’elle naît en plein cœur d’une nature souveraine, havre de paix où les parents du jeune Pietro posent chaque été leurs valises. L’occasion, pour le duo de cinéastes, de dépeindre le Val d’Aoste en une élégie rurale au cadre presque surréaliste. L’image, elle, ne condamne pas ce décor à l’artificialité mais en dévoile au contraire la beauté franche – à l’instar de l’amitié entre Bruno et Pietro. D’une grande pureté, le film prend ainsi le temps nécessaire – 2 heures 30 – à l’installation d’un quotidien réaliste comme à l’éclosion progressive des personnages.

VERS LA TENDRESSE

Campés par les convaincants Alessandro Borghi et Luca Marinelli (qui brillait déjà dans Martin Eden de Pietro Marcello), Bruno et Pietro sont scrutés avec une rare attention par les cinéastes. Leurs failles se devinent comme à demi-mot, lors de retrouvailles contrariées ou de conversations au coin du feu. Épousant le rythme apaisé de son environnement, Les Huit montagnes émeut par sa dimension intimiste et son ode aux paradis perdus ; on y renoue même avec le plaisir enfantin de se construire une cabane… Avec finesse, les cinéastes comprennent aussi que l’amitié se passe de mots mais tient plutôt d’une évidence physique entre deux êtres. C’est bien ce qui arrive ici malgré les différences, lesquelles traduisent en creux les paradoxes d’une jeunesse moderne tiraillée entre soif de liberté et d’enracinement.

^{Visuel de couverture : Les Huit Montagnes | Copyright Pyramide Distribution}