Le Tigre et le Président

Duel d’anthologie

En 1920, Georges Clemenceau (André Dussollier), dit « Le Tigre », perd l’élection présidentielle face à Paul Deschanel (Jacques Gamblin), un inconnu idéaliste déterminé à changer le pays. Lorsque ce dernier se volatilise après avoir chuté d’un train, Clemenceau voit là une occasion en or de reprendre les rênes de la France…

Le réalisateur Jean-Marc Peyrefitte – qui signe ici son premier long-métrage – prend pour point de départ une période majoritairement oubliée de la IIIe République. Paul Deschanel, que l’Histoire retient comme « le président tombé d’un train et contraint à la démission », est en réalité l’un des présidents les moins connus de l’histoire politique française – et pour cause : son mandat n’aura duré que sept mois…

LA PETITE HISTOIRE

Dans la lignée d’Amadeus (1984) de Miloš Forman, qui contait la fausse rivalité entre Mozart et Salieri, Le Tigre et le Président a des airs de miroir déformant de la réalité. Jean-Marc Peyrefitte prend un malin plaisir à créer cette Histoire parallèle, qui consacre Georges Clemenceau en véritable méchant de cinéma.

Un parti-pris audacieux, prétexte à l’élaboration de savoureuses joutes verbales appuyées par le talent certain des interprètes de Clemenceau et Deschanel. Car si la formule fonctionne aussi bien, c’est parce que le film doit beaucoup à son duo d’acteurs, André Dussollier et Jacques Gamblin, qui ne s’étaient pas partagé l’affiche depuis Les Enfants du marais (1999) de Jean Becker.

À travers cette rivalité romancée, Jean-Marc Peyrefitte a la belle idée de réhabiliter un personnage bien trop souvent tourné en ridicule. C’est que Paul Deschanel était un véritable avant-gardiste qui, déjà, en 1920 prônait le droit de vote des femmes, l’abolition de la peine de mort, l’instauration du suffrage universel… Tant d’idées novatrices appliquées sur le tard, qui lui valaient pourtant, à l’époque, les quolibets de ses contemporains. Preuve, s’il en est, que le clivage entre progressistes et conservateurs ne date pas d’hier…

^{Visuel de couverture : Jacques Gamblin, André Dussollier – Le Tigre et le Président | Copyright Tandem Films}