La Dégustation

Une romcom au carré

Divorcé du genre bourru, en proie à des problèmes de santé, Jacques (Bernard Campan) tient seul une petite cave à vins située sur une place tranquille. Hortense (Isabelle Carré), engagée dans l’associatif et déterminée à ne pas finir vieille fille, entre un jour dans sa boutique et décide de s’inscrire à un atelier dégustation…

Après le succès de sa pièce de théâtre éponyme créée au théâtre de la Renaissance et nommée à 4 reprises aux Molières 2019, également campée par Isabelle Carré et Bernard Campan, Ivan Calbérac l’immortalise finalement sur grand écran. Et le résultat de briller par sa fantaisie, qu’on doit en grande partie à l’alchimie de son duo de comédiens. Il faut dire que ces deux-là avaient déjà partagé l’affiche sur le beau Se souvenir des belles choses de Zabou Breitman (2001) ; le plaisir de jouer ensemble ne triche pas.

C’est là toute la force de cette comédie romantique, qui exploite à merveille le potentiel attendrissant de ses acteurs ; et plus étonnamment encore celui de Bernard Campan, bouleversant en caviste timide et vieillissant, condamné à tirer une croix sur sa consommation de vin – son dernier plaisir. Seul dans sa petite boutique, il va pourtant tomber sous le charme d’une femme a priori comblée, mais qui cache sous son sourire une même solitude…

UN ÉQUILIBRE POPULAIRE

Sur le fil entre traditionalisme de la forme (on y renoue avec les codes immémoriaux de la romcom, on s’y réunit autour du vin) et modernité du fond (on y parle de thématiques aussi brûlantes que la précarité et la PMA), La Dégustation trouve un équilibre inespéré et fondamentalement populaire, à l’image d’une comédie romantique réussie. Réglé comme du papier à musique, le film bénéficie aussi des avantages de l’adaptation et des retrouvailles de ses interprètes originels, qui n’avaient plus qu’à renouer avec le plaisir du jeu.

Mais cette version du récit a aussi quelque chose de plus émouvant, dimension permise par les effets de caméra comme par l’ampleur romanesque du cadre, avec sa place de la cathédrale et sa grande boutique. Cet ancrage offre ainsi leur authenticité aux personnages et à leurs vies parfois complexes, leurs envies parfois contradictoires, bien que réunies par un seul élément : l’amour du vin. Et l’amour tout court.

^{Visuels de couverture & illustration : Bernard Campan, Isabelle Carré – La Dégustation | Copyright Bertrand Vacarisas / MANDARIN ET COMPAGNIE}