LA CROISADE

Folle odyssée écolo

Abel (Louis Garrel) et Marianne (Laetitia Casta) découvrent que Joseph, leur fils de 13 ans, a vendu nombre de leurs objets de valeur. Le jeune garçon n’agit pas seul ; des centaines d’enfants issus de différents pays se sont associés pour financer un projet qu’ils tiennent pour l’heure secret. Leur mission : sauver la planète, ni plus ni moins. Abel et Marianne tentent de comprendre les motivations de leur fils et remettent bientôt en question leur propre mode de vie.

Le cinéaste, déjà remarqué avec Les Deux Amis (2015) et L’Homme fidèle (2018) s’est appuyé sur une idée visionnaire de l’écrivain et scénariste Jean-Claude Carrière – proche collaborateur de Philippe et Louis Garrel – pour construire ce nouveau film moins farfelu qu’il n’y paraît. Avec comme pivot central la prise de conscience écologique d’un groupe d’enfants et leur détermination sans borne, La Croisade fait le pari d’un monde où l’on peut encore accomplir ses rêves, où le couperet n’est pas encore tombé. Un horizon rafraîchissant en cette période incertaine et une thématique angoissante traitée avec humour – l’approche la plus propice à attiser la réflexion.

Car ce n’est jamais un film moralisateur que propose Louis Garrel. Le jusqu’au-boutisme que développent l’attachant Joseph et ses camarades questionne les adultes, remet en jeu leurs certitudes et s’amuse de leur méconnaissance du sujet avec tendresse, sans en faire de méprisables bourreaux. La Croisade emploie l’énergie de ses jeunes interprètes pour dire le possible derrière l’utopie, la foi que charrie l’activiste Greta Thunberg et l’urgence d’agir, tout en s’accordant des respirations qui disent toute la cadence que le réalisateur sait insuffler à son cinéma. Un film qui réfléchit vite et bien.