I'm Your Man

Une comédie romantique 2.0

Alma (Maren Eggert) se révèle être la parfaite candidate pour une expérience : vivre avec Tom (Dan Stevens), un robot à l’apparence humaine, pendant trois semaines. Ce dernier est en effet spécialement programmé pour correspondre à sa définition de l’homme idéal, mais les choses sont-elles aussi simples ?

La réalisatrice Maria Schrader, également à l’origine de la série à succès Unorthodox, s’empare ici d’une brûlante thématique de science-fiction : à savoir l’amour au temps de l’intelligence artificielle. Si l’on a vu de grands films s’emparer de la question comme Her de Spike Jonze (2013), sans parler de l’explosive comédie L’Homme parfait en salles cette semaine, I’m Your Man a la particularité d’y apposer un point de vue féminin et pose ainsi des questions cruciales sur l’injonction au bonheur et la nécessité du couple pour l’atteindre. La société qu’elle dépeint, comme la nôtre ou presque, est ainsi fondée sur cette idéologie et n’hésite pas à employer la robotique pour atteindre ses objectifs et sociabiliser à nouveau des individus toujours plus solitaires.

UNE HÉROÏNE REMARQUABLE

On le voit bien dans les choix esthétiques de la cinéaste, à rebours des codes habituels de la comédie romantique ; ici le monde est aseptisé, froid, géométrique, tout en reflets comme pour signifier l’évanescence des corps et l’avènement d’un autre type d’humanité. À l’heure où nos interactions sont souvent déterminées par des algorithmes, Maria Schrader pousse la réflexion un cran au-dessus : et si les relations sentimentales l’étaient elles aussi ? Tom est effectivement un robot très séduisant. Mais la force du film réside dans son héroïne, qui échappe précisément aux conditions du bonheur qu’on souhaiterait lui imposer ; campée par la formidable Maren Eggert, récompensée d’un Ours d’argent à Berlin pour ce rôle, elle déstabilise son monde et fait de I’m You Man un récit tout sauf programmatique.

^{Visuels de couverture & illustration : Dan Stevens, Maren Eggert – I’m Your Man | Copyright Christine Fenzl}