Fratè

La Corse en vrai

Après l’enterrement de son père dans un village du maquis corse, Dumè (Thomas Ngijol) découvre l’existence d’un frère, Lucien (Samir Guesmi), avec qui il devra partager l’héritage laissé par le patriarche… à condition d’arriver à cohabiter un mois dans la maison familiale. Sur fond de légitimité culturelle et d’héritage immobilier, un rapport de force va s’installer entre fils de sang et fils adoptif.

Tourné à Vezzani, le village corse des grands-parents de Karole Rocher où elle a toujours passé ses étés, Fratè est avant tout un film générationnel et un hommage rendu par l’actrice-réalisatrice aux habitants de son île. Si on y croise ses proches et sa famille, à commencer par sa fille Barbara Biancardini (du patronyme de son grand-père), son frère Patrick Rocher au scénario, son compagnon Thomas Ngijol ou son grand ami Samir Guesmi à l’écran, on y voit également les Corses de Vezzani incarner leur propre rôle. Une authenticité qu’il aurait été impossible de fabriquer transpire ainsi du film, une comédie douce-amère sur la fraternité contrariée entre deux hommes se disputant l’héritage familial.

UN HAVRE DE BEAUTÉ

De même père mais d’origines différentes, Dumè et Lucien vont se livrer une guerre sans merci pour s’approprier l’héritage ; c’est que la famille est un bien sacré en Corse. À rebours des clichés et moqueries qu’on trouve parfois dans les films consacrés à l’île de Beauté, Karole Rocher et sa fille Barbara envisagent précisément la Corse comme une terre d’accueil… si tant est qu’on adopte ses habitants au tempérament de feu. C’est ce qui arrive au sage Lucien, très vite accueilli par les habitants hauts en couleur de Vezzani. On retient notamment le très beau rôle de la tante, campé par la solaire Marie-Ange Geronimi (L’Enquête corse), et le talent certain des jeunes cinéastes pour sublimer ce morceau de terre.

^{Visuels de couverture & illustration : Samir Guesmi, Thomas Ngijol, Karole Rocher – Fratè | Copyright Elise Pinelli}