Azuro

Le grand bain

C’est l’été, la chaleur est écrasante dans le village entre la mer et la montagne où cinq amis, accompagnés de l’enfant de l’un des couples, passent leurs vacances. Ils discutent, mangent, nagent, s’énervent et s’ennuient, dans une grande parade d’émotions. Et puis arrive un bateau d’où descend un homme mystérieux…

Adaptation du roman « Les Petits chevaux de Tarquinia » de Marguerite Duras, Azuro donne l’occasion à Matthieu Rozé – qui jouit d’une riche carrière en tant que comédien et qui réalise ici son premier film – d’explorer l’œuvre d’une auteure phare de la littérature française, beaucoup adaptée au cinéma. Inspiré par ce que lui avait évoqué la lecture du livre, à savoir sa propre bande d’amis, l’ambiance particulière des étés où rien ne se passe, où la chaleur écrase tout et où, pourtant, s’éveille le désir, le réalisateur a souhaité travailler la drôlerie du roman original, le décalage entre la réalité et la fiction. Bien des choses se disent entre les lignes, entre les mots, ce qui donne à Matthieu Rozé une très grande liberté à l’écran, dans le ballet des regards et le jeu des mouvements.

Car s’il est un matériau que travaille Azuro, c’est bien le mystère. Aucune information sur les personnages n’est ainsi dévoilée et l’on navigue à vue sans savoir d’où ils viennent, quel métier ils exercent, comment sont nés leurs liens… Il faut dire que le dispositif pensé par Matthieu Rozé est théâtral, avec une franche économie de décors, même si la nature s’affirme comme un personnage à part entière du film. La mer se fait accueillante, salvatrice ou menaçante, le ciel adopte des allures calmes, écrasantes ou crépusculaires… Arrimés à la température et aux émois de la nature, Valérie Donzelli (On est fait pour s’entendre), Thomas Scimeca (Notre Dame, de Donzelli justement) Florence Loiret-Caille (Les Jeunes Amants), Maya Sansa (Alceste à bicyclette), Yannick Choirat (Pupille) et Nuno Lopes (vu notamment dans Une fille facile de Rebecca Zlotowski en 2019) dialoguent en s’appuyant seulement sur les émotions qui traversent leurs personnages, au gré des jours qui passent et se ressemblent. Un dépouillement qui donne au film une tonalité très intime, souvent bouleversante.

Visuel de couverture : Azuro – Copyright Patrice Terraz – Paname Distribution