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Simone, le Voyage du siècle
Portrait d’une résistante
Après avoir consacré Marion Cotillard dans La Môme (2008), le réalisateur Olivier Dahan transfigure Elsa Zylberstein et Rebecca Marder dans un biopic fantasmatique sur l’immortelle Simone Veil.
Après avoir consacré Marion Cotillard dans La Môme (2008), le réalisateur Olivier Dahan transfigure Elsa Zylberstein et Rebecca Marder dans un biopic fantasmatique sur l’immortelle Simone Veil.
Le destin de Simone Veil raconté en un flot d’images et de mots : son enfance à La Ciotat, sa déportation, ses combats politiques, ses tragédies intimes. Le portrait épique d’une femme au parcours hors du commun, qui a bousculé son époque en défendant un message humaniste d’une toujours brûlante actualité.
Simone Veil. Le nom est déjà lourd de sens, porteur d’une histoire qui se confond tout entière avec celle de la France ; porteur de l’histoire d’une seconde moitié de siècle, dans ce qu’elle a eu de plus inhumain comme de plus émancipateur. Comment rendre hommage à une femme érigée en symbole national, en figure fédératrice au-delà de tous les clivages politiques, comme la France en a si peu depuis le général de Gaulle ? Un biopic trop lisse, trop convenu n’aurait pu se hisser à la hauteur d’une telle héroïne. Or il fallait bien le génie en la matière d’Olivier Dahan pour s’y atteler, lui qui a hissé « l’art du biopic » à ses sommets avec La Môme en 2008.
Ce portrait sans concession d’Édith Piaf qui valut un Oscar à Marion Cotillard, puisant dans la manne émotionnelle du mélo flamboyant, de la tragédie antique, voire du film d’horreur, il en réitère la puissance dans ce Voyage du siècle. Et pour cause : loin des carcans préétablis, comme s’il se calquait à la méfiance dont fit preuve Simone Veil vis-à-vis de l’académisme, le film tient d’une expérience presque physique. Celle d’un demi-siècle mouvementé (et tourmenté), celle d’une Histoire en majuscule, éprouvée jusque dans sa chair par une femme qui aura tout vécu.
UN LYRISME À L’OS
Olivier Dahan signe alors moins un biopic réaliste que purement lyrique, brisant au passage des conventions narratives qui auraient exigé plus de linéarité. Le cinéaste opte plutôt pour l’éclatement du récit, mis en parallèle avec un « temps présent » où une Simone affaiblie rédige ses mémoires. L’occasion de faire battre le film au rythme de ses souvenirs, forcément épars et évanescents, matière propice aux expérimentations formelles en tous genres. C’est dans ce maëlstrom sensoriel que le film tire ainsi sa force d’évocation : s’y succèdent des séquences aussi vives et fugaces qu’un uppercut, ciblant les instants d’une vie avec une lumineuse précision.
Sans se contraindre en préliminaires inutiles, Olivier Dahan accomplit l’exploit de réaliser un film à la fois généreux et tranchant dans sa construction en forme de vertige ininterrompu. À l’os, Le Voyage du siècle témoigne en fait d’un grand talent de portraitiste, au sens le plus pictural du terme. C’est aussi ce qui transparaît des visages filmés par le cinéaste ; ceux de Rebecca Marder puis de la surprenante Elsa Zylberstein, par ailleurs à l’origine du projet, tous deux troublants d’une intensité qui laisse sans voix.
Visuels de couverture & illustration : Elsa Zylberstein, Rebecca Marder – Simone, le voyage du siècle | Copyright 2020 – Marvelous Productions – France 2 Cinéma – France 3 Cinéma
12 octobre 2022