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Tori et Lokita
L’enfance et l’exil
Dans ce film sans concession sur le destin tragique de deux jeunes mineurs africains exilés en Europe, les inimitables frères Dardenne instillent une grande dose de noirceur à leur humanisme habituel.
Dans ce film sans concession sur le destin tragique de deux jeunes mineurs africains exilés en Europe, les inimitables frères Dardenne instillent une grande dose de noirceur à leur humanisme habituel.
Tori et Lokita - L'enfance et l'exil
Exilés en Belgique depuis leur Bénin natal, le jeune garçon Tori (Pablo Schils) et l’adolescente Lokita (Joely Mbundu) opposent leur invincible amitié, nourrie de ce qu’ils souffrent et partagent en chœur, aux formes d’exploitation dont ils deviennent les victimes sur place.
Fidèles représentants d’un cinéma social à la grande valeur éthique, fort d’un regard empathique sur plus dominés, les frères Dardenne ne dérogent pas à la règle avec leur nouvel « opus », où ils s’attachent cette fois à un brûlant thème sociétal : celui des mineurs étrangers non accompagnés, invisibles et pourtant bien présents dans nos grandes villes occidentales, livrés à eux-mêmes dans des conditions souvent terribles.
Ayant fui leur pays pour des raisons liées à la guerre, à la persécution ou à l’extrême pauvreté, ces mineurs prennent tous les risques pour rejoindre l’Europe. Sans savoir que cette Terre promise ne leur laisse que peu de chances de s’en sortir. C’est précisément ce qui arrive à Tori et Lokita : avec une vraie implacabilité, les Dardenne illustrent leur calvaire comme un cercle vicieux aux relents esclavagistes : les enfants ont des dettes auprès d’un passeur, qu’ils doivent rembourser en vendant de la drogue. Heureusement, ils peuvent compter sur leur amitié pour embaumer leur solitude…
UNE MÉTHODE INFAILLIBLE
Si l’on pouvait s’attendre à un film excessif dans son pathos ou complaisant dans sa représentation de la souffrance, il n’en est rien avec les frères Dardenne aux manettes. Bouleversant, Tori et Lokita l’est avant tout pour la dignité de ses personnages, toujours préservée par les cinéastes. Ces deux gamins ne sont pas privés de leur vitalité, au contraire ; le film s’attache à leur complicité, presque dérisoire mais ô combien salutaire pour leur survie.
La caméra épouse aussi leur point de vue sans transiger avec le réel, ni céder aux sirènes de l’esthétisme ; la priorité reste, comme c’est le cas dans tous les films des Dardenne, non pas le « sujet » en soi mais les personnages et leur trajectoire. Ce langage de cinéma, intransigeant et à haute valeur documentaire, au service de parcours qui n’ont rien de schématique mais qui laissent précisément entrer la vie dans le cadre, c’est ce qui continue d’émouvoir film après film chez les Dardenne. Doublement encore face à la poignante tribune qu’ils offrent à une cause des plus tragiques : celle de l’oubli des sans-papiers dans nos sociétés.
Visuels de couverture & illustration : Pablo Schils, Joely Mbundu – Tori et Lokita | Copyright Christine Plenus – Les Films du Fleuve
En salles le
05 octobre 2022
05 octobre 2022