Marcel !

Un poème italien

Une mère fantasque (Alba Rohrwacher) pratique le théâtre de rue avec un chien talentueux prénommé Marcel, au détriment de sa jeune fille. Un événement inattendu va cependant redistribuer les cartes dans cette famille pas si commune : la perte du chien. Mère et fille pourront-elles enfin se réconcilier ?

Après plus de 20 ans passés derrière la caméra, chez Nanni Moretti comme chez Bertrand Bonello, Jasmine Trinca a sauté le pas de la réalisation. Et elle a bien fait : écrit à partir de ses propres souvenirs personnels, Marcel ! est un véritable enchantement, aussi solidement porté par Alba Rohrwacher qu’il est d’une grande fragilité – qu’elle soit économique ou esthétique. Sur le fil, son actrice livre une prestation bouleversante en mère à la personnalité enfantine, imprévisible et revêche, instable et parfois cruelle, mais surtout terriblement humaine.

UNE FABLE BURLESQUE

À noter la partition très juste de la petite fille, incarnée par Maayane Conti. Cette dernière, déjà aux côtés d’Alba Rohrwacher dans un précédent court métrage de la réalisatrice, insuffle à Marcel ! une poésie qu’il doit à son beau visage triste. On y sent aussi un regard amoureux, celui posé sur elle par Jasmine Trinca, dont elle incarne ici une forme d’alter-ego. Centré sur ses deux actrices, le film évide ainsi les décors autour d’elles. C’est dans une Italie fantomatique et immémoriale qu’on pénètre alors ; celle des contes et des origines de l’art théâtral, que la cinéaste affectionne au point d’en renouer avec sa sève burlesque.

^{Visuels de couverture & illustration : Maayane Conti, Alba Rohrwacher – Marcel !| Copyright Fabio Zayed}