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CANDYMAN
Les origines d’une légende terrifiante
C’est un fantôme sanguinaire qui apparaît lorsqu’on prononce cinq fois son nom devant un miroir. Candyman revient hanter nos écrans le 29 septembre. Autopsie d’un mythe.
C’est un fantôme sanguinaire qui apparaît lorsqu’on prononce cinq fois son nom devant un miroir. Candyman revient hanter nos écrans le 29 septembre. Autopsie d’un mythe.
CANDYMAN - Les origines d’une légende terrifiante - ILLIMITÉ
Mais pourquoi est-il si méchant ? Pour le savoir il faut remonter aux origines du tueur au crochet. Avant d’être au cœur d’un film produit et coécrit par Jordan Peele (Get Out, Us), et filmé par la réalisatrice Nia DaCosta, Candyman est le héros d’une série de long-métrages cultes des années 1990. L’affiche du premier volet sorti en 1992, sur laquelle une abeille butine un œil grand ouvert, a traumatisé bien des rétines.
Cette saga était inspirée d’une nouvelle de l’écrivain et réalisateur britannique Clive Barker (auteur d’un autre classique du cinéma d’horreur, Hellraiser) : The Forbidden, publiée en 1985 dans le recueil Les Livres de sang. Elle raconte l’histoire d’une étudiante dont la thèse porte sur les graffitis qui ornent les murs d’une zone délabrée de la ville de Liverpool, et évoquent une légende urbaine : le Candyman. Ses recherches la mènent alors rapidement à une série de meurtres atroces…
DANS L’AMÉRIQUE DES LAISSÉS-POUR-COMPTE
En 1992, le jeune réalisateur Bernard Rose s’empare de ce matériau horrifique et, en le transposant dans l’Amérique contemporaine, y ajoute une forte dimension sociologique et politique. À l’hiver 1991, l’équipe de tournage s’installe donc pour deux mois dans le quartier défavorisé de Cabrini-Green, à Chicago. Construites entre les années 1940 et 1960, les imposantes barres d’immeubles, sinistres, sont devenues l’un des coins les plus dangereux de la ville, rongées par les trafics et la criminalité, délaissées par les pouvoirs publics. Les bâtiments tombent en ruine et offrent au réalisateur une toile de fond apocalyptique bien réelle. Candyman apporte le témoignage édifiant de la détresse et des conditions de vie indignes des habitants de Cabrini-Green, presque tous afro-américains – trois ans après sa sortie dans les salles aux États-Unis, la ville de Chicago débutera la démolition de l’ensemble immobilier…
Dans le film, la jeune étudiante (anglaise dans le livre), devient une jeune Américaine blanche et aisée. Candyman, lui, c’est le fantôme de Daniel, un jeune homme noir, riche et éduqué de la fin du 19e siècle. Peintre talentueux, ce fils d’esclave avait noué une idylle avec une jeune fille blanche dont il devait faire le portrait. Elle était tombée enceinte. Fou de rage, le père de cette dernière avait ordonné le lynchage de l’artiste, dont les cendres avaient été dispersées… dans le champ où seront plus tard érigées les tours de Cabrini-Green.
Le Candyman apparaît ainsi comme un écho, un reflet des horreurs du racisme, dont la mémoire « hante » littéralement les habitants du quartier. Ceux qui osent la défier, en prononçant cinq fois le nom du Candyman dans un miroir, sont punis de mort… En ancrant la figure du Candyman dans l’héritage historique des États-Unis, Bernard Rose signait aussi la première franchise horrifique à se saisir ainsi de la question du racisme. Le mythe était né.
On comprend pourquoi Jordan Peele, dont les films d’horreur Get Out et Us sont de puissantes réflexions sur le racisme, a voulu produire un remake contemporain, au sein de sa société de production Monkeypaw. Derrière la caméra, la réalisatrice afro-américaine Nia DaCosta filme à nouveau Cabrini-Green, dix ans après la destruction de la dernière tour.
De quoi réinventer le mythe de Candyman et en faire le miroir d’une brûlante actualité : celle des violences policières.
En salles le
29 septembre 2021
29 septembre 2021