Entre la vie et la mort

Bruxelles sous haute tension

Leo Castaneda (Antonio de la Torre) est conducteur de métro à Bruxelles. Un soir, il croise le regard d’un jeune homme au bord du quai et reconnaît son fils Hugo, avant que ce dernier ne disparaisse tragiquement sur les rails… Son père, qui ne l’avait pas revu depuis deux ans, va découvrir qu’Hugo était impliqué dans un braquage sanglant ; pour affronter son deuil, il va ainsi devoir affronter de violents criminels…

Après avoir coscénarisé le film coup de poing Les Misérables de Ladj Ly (2019), Giordano Gederlini s’attaque cette fois au thriller sous haute tension avec Entre la vie et la mort. Il faut dire que l’exercice de style est impressionnant de maîtrise : en témoignent son atmosphère nocturne et bleutée sur fond d’enquête policière, la musique du DJ planétaire Laurent Garnier, et enfin l’énergie d’un acteur espagnol hors norme qui a notamment brillé dans La Isla Minima d’Alberto Rodríguez (2014) et El reino de Rodrigo Sorogoyen (2018). Autant d’ingrédients savamment cuisinés par le cinéaste, qui a toutes les clés en main pour livrer un polar digne de ce nom. De quoi offrir au film une dimension très référencée dans le genre néo-noir, qui a déjà conquis les spectateurs du Festival Reims Polar

UN HÉROS CAPTIVANT

On y retrouve en effet des bâtiments en briques et des friches industrielles qui rappellent certains décors américains, notamment exploités par James Gray dans ses premiers films. Mais outre sa forte identité esthétique, Entre la vie et la mort brille aussi par sa puissante ampleur romanesque. Le héros porte ainsi le poids de l’histoire sur ses épaules, exilé qu’il est dans une ville européenne ; pour ce rôle, Gederlini s’est d’ailleurs inspiré de son propre père qui a fui le coup d’État au Chili. S’il se bat avec la ferveur d’un Liam Neeson dans sa série des Taken, Antonio de la Torre campe donc aussi une vraie figure tragique. Et offre à ce père endeuillé l’étincelle nécessaire à toute émotion, dans un film qui dépasse les archétypes en élaborant des personnages formidablement complexes.

^{Visuel de couverture : Antonio de la Torre – Entre la vie et la mort | Copyright Le Pacte}