BOITE NOIRE

Le son qui met la pression

Mathieu Vasseur, acousticien du Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile, chargé de décoder la boîte noire d’un avion qui s’est crashé lors d’un vol Paris-Dubaï est convaincu par la version officielle, celle d’un attentat-suicide. Mais il est bientôt submergé par le doute en découvrant des incohérences dans le dossier… Négligence de la part des pilotes, défaillance technique de l’appareil… les pistes se multiplient. Mathieu décide alors de mener sa propre enquête, soupçonnant un complot.

Dans la pure tradition des thrillers nerveux des années 1970 – on pense évidemment à Blow Out de Brian De Palma, dans lequel John Travolta jouait un ingénieur du son témoin d’un meurtre -, Boîte Noire multiplie habilement les trajectoires pour épouser la paranoïa de son personnage principal. Grâce à des rebondissements scénaristiques qui laissent planer le doute sur la lucidité du héros – est-il prisonnier d’une obsession, ou en quête d’une vérité que tous veulent taire ? – le spectateur avance à tâtons, dans une investigation labyrinthique et ambiguë.

Indéchiffrables émotions

Un jeu de piste captivant et essentiellement auditif, soutenu par les compositions de Philippe Rombi. Oreille à l’affût, privé d’éléments visuels, Mathieu déchiffre chaque élément sonore, traque le moindre indice.

Avec son jeu mutique et tendu, le visage de Pierre Niney est une toile sur laquelle s’impriment des émotions indéchiffrables. Alors que les lumières froides et bleutées des open-spaces se reflètent dans ses lunettes, Yann Gozlan filme chaque tic nerveux du personnage comme un événement fébrile.

Outre sa mécanique extrêmement bien rôdée, qui n’a rien à envier aux films de genre américains, Boîte Noire saisit avec acuité un sujet contemporain : notre méfiance, parfois teintée de fascination, pour la toute-puissance des machines.