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La Maman et la Putain
Un chef-d’œuvre en salles
Enfin restauré, le chef-d’œuvre de Jean Eustache La Maman et la Putain (1973), avec notamment les grands Jean-Pierre Léaud et Bernadette Lafont, fait son retour en salles après 50 ans de quasi-invisibilité. Un objet unique qui figure en bonne place au panthéon des films à voir au moins une fois dans sa vie.
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Enfin restauré, le chef-d’œuvre de Jean Eustache La Maman et la Putain (1973), avec notamment les grands Jean-Pierre Léaud et Bernadette Lafont, fait son retour en salles après 50 ans de quasi-invisibilité. Un objet unique qui figure en bonne place au panthéon des films à voir au moins une fois dans sa vie.
La Maman et la Putain - Un chef-d'œuvre en salles
Alexandre (Jean-Pierre Léaud) vit oisivement aux côtés de Marie (Bernadette Lafont), une boutiquière. Il aime encore Gilberte, une étudiante qui refuse systématiquement ses demandes en mariage… C’est alors qu’il accoste un jour Veronika (Françoise Lebrun), interne à Laennec au tempérament de feu et à la liberté sexuelle assumée. Bon gré mal gré, Marie accepte finalement de partager son homme avec elle…
Classé « 2e meilleur film français de tous les temps » par des professionnels de tous bords, La Maman et la Putain est une expérience de cinéma à lui tout seul : long d’une durée inhabituelle de 3h40, il est considéré comme l’essence de la Nouvelle Vague inaugurée dans les années 60 par François Truffaut et Jean-Luc Godard. Pour la frugalité de son tournage d’une part, où chaque plan se tournait en une seule prise et où les comédiens devaient ainsi réciter leur texte à la virgule près, couplée à la frugalité des décors. Tourné à même les rues grouillantes de Paris, ce « film de chambre » se déroule surtout dans un modeste appartement de l’époque et trouve moins sa force dans l’imagerie que dans les mots, orchestrés par Jean Eustache lui-même et dont la musicalité a quelque chose de purement spectaculaire. Mais c’est précisément cette légèreté de moyens qui confère au film sa liberté formelle, comme le furent les chefs-d’œuvre de la Nouvelle Vague qui se sont émancipés du cinéma de studio. Enfin pour ses acteurs, eux-mêmes iconiques de cette période : on y retrouve ainsi Jean-Pierre Léaud, l’éternel Antoine Doinel de François Truffaut, et Bernadette Lafont, égérie entre autres de Claude Chabrol.
D’UNE ÉPOUSTOUFLANTE MODERNITÉ
Présenté en 1973 au Festival de Cannes, le film y repart avec le Grand prix mais fait scandale et divise la critique entre ceux qui en font l’éloge et ceux qui en fustigent la vulgarité. Le magnifique personnage de Veronika, campé par une Françoise Lebrun qu’on ne reverra jamais sous un jour aussi flamboyant, perturbe notamment lors d’un monologue final au vocabulaire fleuri. Ce dernier immortalise pourtant les désillusions de la jeunesse post-mai 68, après ce qu’on appelle communément la libération sexuelle ; car La Maman et la Putain est un film prodigieusement libérateur de ce point de vue, transfigurant la thématique grivoise du « ménage à trois » en une fable cruelle et crépusculaire sur les changements sociétaux à venir. Si on l’a longtemps considéré comme un simple témoignage générationnel, ce récit apparaît aujourd’hui atemporel et résonne avec l’affirmation nouvelle des femmes – via l’héroïne Veronika – face à la domination masculine. C’est ce que montrait déjà Jean Eustache avec une acuité visionnaire, sans parler de son immense talent de metteur en scène à la méthode unique. La Maman et la Putain est aussi un grand film sur l’errance amoureuse et le vertige provoqué par une société où, comme aujourd’hui, tout était à réinventer…
Resté invisible pendant presque 50 ans, des suites du blocage des droits d’exploitation par le fils de Jean Eustache – le réalisateur étant décédé en 1981 –, ou alors uniquement disponible sur Internet et dans des copies salies par le temps, voilà que ce chef-d’œuvre est enfin visible comme il se doit. Françoise Lebrun a elle-même déclaré : « Quand j’ai vu La Maman et la Putain pour la première fois, je me suis dit que ce film allait être un météore dans le ciel du cinéma. » À tel point que des décennies plus tard, personne ne l’a oublié.
Visuel de couverture : La maman et la putain / Les films du Losange
En salles le
08 juin 2022
08 juin 2022