Don Juan

Tahar Rahim revisite Molière

En 2022, Don Juan a les traits de Tahar Rahim, un acteur de théâtre qui doit lui-même interpréter l’éternel séducteur. Mais ce dernier vient de vivre une rupture amoureuse qui l’a dévasté et, en obsessionnel névrosé, il ne pense plus qu’à reconquérir une femme : Julie (Virginie Efira).

À l’heure où les comédies romantiques se dépoussièrent, le fameux Don Juan ne pouvait pas échapper à une relecture moderne ; heureusement, c’est Serge Bozon (Tip Top, Madame Hyde) qui s’en charge via une fable fidèle à son univers bariolé et rocambolesque. Reste que le film est empreint d’un ton plus dramatique, voire tragique : Don Juan alias Tahar Rahim a perdu l’amour de sa Julie, et il la voit dans toutes les femmes qu’il croise. Comme dépossédé de son charme, il ne séduit plus et passe pour un dandy un brin harceleur… Coécrit avec Axelle Ropert (Petite Solange), Don Juan s’amuse ainsi à inverser les rôles : l’homme perd son pouvoir et se retrouve soumis au regard – et au désir – des femmes.

FABULEUSE VIRGINIE EFIRA

À la modernité de son propos, qui traite précisément du désir sous une forme plus égalitaire, Serge Bozon oppose la modernité d’une mise en scène ultra sophistiquée. Ses personnages évoluent ainsi dans des décors baroques (l’univers originel de la pièce n’est jamais loin) qui sonnent volontairement faux, à l’image de la figure en toc de Don Juan. Or celle qui illumine le film de sa spontanéité, c’est bien Julie alias Virginie Efira, formidable dans un rôle transformiste qui exige d’elle un vrai talent de composition. Accompagnés par l’inimitable Alain Chamfort, les acteurs poussent même la chansonnette pour dire leur désespoir ou leur amour retrouvé. À ne pas manquer pour sa liberté de ton et sa dimension universelle.

^{Visuel de couverture : Virginie Efira, Tahar Rahim – Don Juan | Copyright Jean Louis Fernandez}