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The Servant
Un parfum de scandale
Retour nostalgique sur le long-métrage qui a redémarré la carrière de son réalisateur Joseph Losey et propulsé celle de ses acteurs et actrices Dirk Bogarde, Sarah Miles et James Fox. The Servant sera présenté en séance UGC Culte le jeudi 26 mai.
UGC Culte
Retour nostalgique sur le long-métrage qui a redémarré la carrière de son réalisateur Joseph Losey et propulsé celle de ses acteurs et actrices Dirk Bogarde, Sarah Miles et James Fox. The Servant sera présenté en séance UGC Culte le jeudi 26 mai.
The Servant - Un parfum de scandale
Sorti en 1962, tout à la fois illustration sulfureuse de la lutte des classes, fable féroce et pessimiste sur la nature humaine, et troublante histoire de séduction et de manipulation, de domination et de soumission, sur fond d’homosexualité refoulée, The Servant, magnifié par une mise en scène d’une élégance folle et d’une efficacité redoutable, a changé le destin de son réalisateur, Joseph Losey, et aussi ceux de son scénariste, Harold Pinter, et de son interprète principal, Dirk Bogarde.
En ce début des années 60, le cinéaste américain, déjà âgé de 50 ans, traverse une mauvaise passe. Il repense alors à l’un de ses projets avortés : l’adaptation d’un roman de Robin Maugham, The Servant, publié en 1948. Il y retrouve quelques-unes de ses obsessions : la lutte des classes, les rapports de pouvoir, la perversion, la figure du double, l’ambigüité sexuelle… L’histoire d’un jeune homme de bonne famille qui engage un valet de chambre, lequel prend, peu à peu, de l’ascendant sur son maître jusqu’à ce que les rôles s’inversent, et qu’il l’entraîne dans une déchéance irréversible.
UN SUCCÈS INATTENDU
Bogarde, excité à l’idée de jouer le serviteur pervers et manipulateur au dessein mystérieux, apprend à Losey qu’Harold Pinter vient d’écrire une adaptation de The Servant pour un autre réalisateur. Pinter, futur Prix Nobel de littérature, qui n’a pas son pareil pour pervertir des situations banales jusqu’à les rendre menaçantes, est en train de s’imposer comme un des dramaturges les plus brillants. Losey parvient à doubler l’autre réalisateur et retravaille le script avec Pinter, approfondissant l’ambigüité du récit et l’ambivalence des personnages. La réussite et le succès, entouré d’un parfum de scandale, de The Servant sont tels qu’ils lancent la carrière cinéma de Pinter, qu’ils valent à Dirk Bogarde pour son incroyable composition le BAFTA du meilleur acteur et lui offrent une carrière plus riche et des personnages plus complexes.
Losey, lui, dira simplement que The Servant, qui l’a imposé sur la scène internationale, a été « le début d’une nouvelle carrière et même d’une nouvelle vie ». Il faut dire que le futur réalisateur de Don Giovanni et de Monsieur Klein, a réussi son pari haut la main. Plans séquences très sophistiqués qui englobent « le maître et l’esclave » dans le même mouvement, jeux de miroirs (souvent déformants), ballets d’ombres et de lumières, travail magnifique sur le noir et le blanc – et le gris ! –, utilisation brillante d’un décor étouffant traversé d’un grand escalier, métaphore du film lui-même… Tout fait de cette étrange histoire, cruelle et fascinante, un chef-d’œuvre qui, soixante ans après, n’a rien perdu de sa force ni de son trouble.
The Servant | Copyright Les Acacias / Texte de Jean-Pierre Lavoignat
En salles le
08 avril 1964
08 avril 1964