Frère et Sœur

5 fratries dysfonctionnelles au cinéma

Dans Frère et Sœur, Melvil Poupaud (Laurence Anyways) et Marion Cotillard (Annette) deviennent Alice et Louis, un frère, poète, et une sœur, actrice, qui ne se parlent plus depuis plus de vingt ans. Le décès de leurs parents va les amener à se recroiser et à confronter les raisons inexpliquées de cette haine qui les unit.

Pour l’occasion, la rédaction a composé une sélection de cinq portraits de fratries pas comme les autres :

CRIS ET CHUCHOTEMENTS (1972)

Il n’y a peut-être pas d’exemple plus parlant pour illustrer la thématique de la fratrie dysfonctionnelle au cinéma. Dans cet huis-clos sous haute tension, Ingmar Bergman étudie les relations conflictuelles de trois sœurs, réunies dans les derniers instants de l’une d’entre elles, Agnes (Harriet Anderson), atteinte d’un cancer de l’utérus. En résulte un film âpre et exigeant, qui ausculte avec brio les relations de haine qui rongent ces femmes, ainsi que la manière dont elles ont façonné leurs personnalités.

NÉNETTE ET BONI (1997)

Boni (Grégoire Colin) est un jeune pizzaiolo qui, depuis la mort de sa mère, a coupé les ponts avec son père et sa jeune sœur, Nénette (Alice Houri). C’est pourtant chez son frère que cette dernière débarque, à l’improviste, lorsqu’elle apprend qu’elle est enceinte et s’échappe du pensionnat. Dans ce film musical, Claire Denis compose ici le portrait, à la fois charnel et solaire, de deux personnalités contraires qui ne se connaissent pas, mais qui ensemble, apprennent à devenir adultes.

UNE HISTOIRE VRAIE (1999)

Le film le plus linéaire de David Lynch – le titre original se traduit littéralement par « une histoire droite » – est aussi très certainement l’un de ses plus beaux. Une histoire vraie relate le (vrai) périple d’Alvin Straight (Richard Farnsworth), qui traverse les États-Unis au volant de son tracteur afin de retrouver son frère Lyle (Harry Dean Stanton), avec qui il est brouillé depuis dix ans. Si le film se concentre davantage sur la traversée périlleuse d’Alvin que sur la relation entre les deux frères, il donne cependant à voir l’une des plus belles scènes de réconciliation fraternelle jamais vues au cinéma.

FESTEN (1999)

Film-manifeste du Dogme95, mouvement lancé en 1995 par Lars Von Trier et Thomas Vinterberg, Festen narre les retrouvailles d’une famille bourgeoise pour le 60^e anniversaire du père. Avant que le dîner ne commence, Christian (Ulrich Thomsen), le fils aîné, prononce un discours qui lèvera le voile sur la véritable nature de son père. Les rapports fraternels conflictuels sont au cœur de cette œuvre de Vinterberg, qui par ses parti-pris techniques (caméra portée, format vidéo), analyse de manière incisive la manière dont le lent poison du secret agit sur les dynamiques familiales.

LA NUIT NOUS APPARTIENT (2007)

Dans le troisième long-métrage de James Gray, Joaquin Phoenix et Mark Wahlberg incarnent deux frères que tout oppose. Le premier, Bobby Green, est le gérant d’une boîte de nuit huppée, proche des dealers influents de la ville ; tandis que le second, Joseph Grusinsky, est un capitaine de police, fraîchement nommé à la tête des stups de Brooklyn. D’abord irrigué de toutes parts par la rivalité entretenue entre ses deux personnages, le film mue progressivement en un récit qui dit l’impossible convergence de deux mondes différents : c’est en renonçant à sa première vie que Bobby sera en mesure de retrouver son frère.

^{Visuel de couverture : Melvil Poupaud, Benjamin Siksou -Frère et soeur | Copyright Shanna Besson – Why Not Productions}