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Trois fois rien
Glorieux perdants
Dans cette comédie sociale de haut vol, Nadège Loiseau (Le Petit Locataire) aborde le sujet des sans-abris avec une délicatesse exemplaire et magnifie trois comédiens sur le fil, dont le Québécois Antoine Bertrand.
Dans cette comédie sociale de haut vol, Nadège Loiseau (Le Petit Locataire) aborde le sujet des sans-abris avec une délicatesse exemplaire et magnifie trois comédiens sur le fil, dont le Québécois Antoine Bertrand.
Trois fois rien - Glorieux perdants
Brindille (Philippe Rebot), Casquette (Antoine Bertrand) et La Flèche (Côme Levin), sous leurs surnoms attachants, vivent un quotidien pesant au bois de Vincennes. Lorsque ces SDF gagnent ensemble au Loto, les voilà propulsés dans un enfer administratif ; leur amitié tiendra-t-elle le coup ? Sans parler du fait que le joyeux trio ne nourrit pas exactement les mêmes ambitions…
Après Le Petit Locataire (2016), Nadège Loiseau poursuit sur sa lancée avec un cinéma haut en couleur qui ne recule devant aucun tabou et témoigne d’un profond amour de ses personnages. Dans Trois fois rien, dont le titre malicieux joue sur l’invisibilisation dont sont victimes les sans-abris, la réalisatrice allie ainsi comédie et misère sociale. Le résultat, inespéré, est un condensé d’émotion brute qui ne tombe jamais dans la complaisance mais, bien au contraire, (ré)humanise à merveille la figure du SDF. C’est que Nadège Loiseau ose d’abord en rire, non pas contre mais avec le trio, écartant le misérabilisme au profit d’une belle émulation de groupe sur fond de délire kafkaïen. Subtilement, le film installe une vraie complicité entre le spectateur et ces losers attachants, dont la terrible situation est aussi vectrice d’une incroyable pulsion de vie.
Un Antoine Bertrand sidérant
Mais lorsqu’on a touché le fond, comment remonter à la surface ? C’est tout le propos de Trois fois rien, qui pointe du doigt le manque d’accompagnement dont bénéficient les sans-abris en quête de réinsertion. Car malgré le coup du destin dont ils bénéficient, les trois vagabonds n’en ont pas fini pour autant avec leurs démons intérieurs… Résolument tragicomique, le film est calqué sur le yo-yo émotionnel vécu par ses flamboyants personnages.
On retient en particulier l’homme qu’incarne le Québécois Antoine Bertrand (Demain tout commence), sur lequel s’attarde avec empathie Nadège Loiseau. Son rôle de colosse aux pieds d’argile, qui l’impose en papa poule de la bande, bouleverse par sa finesse d’écriture. Son interprète, âgé de 44 ans et encore méconnu en France, est la véritable révélation d’un film qui doit beaucoup à son charisme enveloppant.
Visuel de couverture : Philippe Rebbot , Antoine Bertrand , Côme Levin – Trois fois rien – Copyright Caroline Dubois
En salles le
16 mars 2022
16 mars 2022