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The Batman
Notre critique de ce grand polar crépusculaire
Avec une belle radicalité, Matt Reeves (La Planète des singes) propose un film de super-héros en forme de polar, porté par l’aura vampirique de Robert Pattinson, qui renoue pour l’occasion avec la stature hollywoodienne de ses débuts.
Avec une belle radicalité, Matt Reeves (La Planète des singes) propose un film de super-héros en forme de polar, porté par l’aura vampirique de Robert Pattinson, qui renoue pour l’occasion avec la stature hollywoodienne de ses débuts.
Alors qu’il commence à lutter contre le crime et la corruption qui gangrène Gotham City, Bruce Wayne (alias Batman) est confronté au meurtre sordide du maire de la ville. À la poursuite de l’auteur du crime -qui sème des énigmes sur ses victimes- sa route croise celle du mafieux Pingouin (Colin Farrell) et de l’insaisissable Catwoman (Zoë Kravitz). Les sombres secrets qu’il va découvrir pourraient bien impliquer sa propre famille.
Un détective de film noir
La barre était vertigineusement haute. Après une trilogie considérée comme magistrale – celle signée par Christopher Nolan, – Matt Reeves s’attaque au mythe de Batman pour en proposer une nouvelle version, sa version. Une vision épurée de ce qui fait la norme du cinéma super-héroïque d’aujourd’hui : exit les affrontements spectaculaires sur fond de multivers, place aux personnages à l’humanité fragile et en proie aux idées noires.
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The Batman réinvestit donc le genre, en faisant le choix du polar. Il faut noter que dans les premiers comics mettant en scène le justicier, qui remontent à 1940, ses aventures prenaient la forme d’enquêtes policières. Hollywood est alors féru de « films noirs », ces œuvres où figures de la pègre et femmes fatales évoluent dans une ombre perpétuelle, bientôt rattrapées et punies pour leurs méfaits.
Le film de Matt Reeves reprend la formule à son compte, et mue en un puzzle criminel haletant. On pense à Se7en de David Fincher (1995). Le super-héros masqué incarne à lui seul un idéal de justice : à la fois face aux élites, qui s’adonnent à la corruption pour s’attirer des faveurs politiciennes, et contre les criminels, qui se livrent à une barbarie sans nom.
Le retour du vampire
On pense aussi à la saga Twilight. Avec ou sans le masque de l’homme chauve-souris, évoluant dans l’ombre et la nuit, Robert Pattinson se fait de nouveau un vampire à l’écran. On succombe : dans le rôle-titre, l’acteur fait des merveilles en Bruce Wayne taiseux et assailli par le doute, voire par un certain dégoût de vivre.
On est loin des super-héros toniques à la Superman ; Batman est torturé par ses propres responsabilités, qui ont fait de lui non pas un « surhomme » mais un non-homme. Une ombre vidée de toute sensibilité, qui ne croit (presque) plus en sa mission. Seule source d’espoir, la mystérieuse Catwoman, campée avec assurance par Zoë Kravitz.
La grande prouesse du film est visuelle : prenant le film noir à la lettre, Matt Reeves décline effectivement cette teinte sur mille nuances et travaille l’ambiance crépusculaire de Gotham City à la manière d’un peintre. Si Batman est une ombre, la ville est un véritable trou noir.
Avec ses décors à l’esthétique gothique, le film prend des allures de cathédrale un soir d’hiver : monumental, glacé, sépulcral. Les presque trois heures de temps permettent aussi une langueur bienvenue. De quoi conjuguer action et introspection, dans des scènes où la caméra sonde avec mélancolie le regard orphelin d’un (super) héros en pleine crise existentielle.
Visuels de couverture & illustration : The Batman | Copyright 2021 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.
02 mars 2022