La Vraie famille

Un drame bouleversant sur la parentalité

Anna (Mélanie Thierry) mène une vie paisible avec son mari Driss (Lyes Salem) et ses trois garçons. L’un d’eux, Simon – campé par le tout jeune Gabriel Pavie – a été recueilli par le couple à ses 18 mois. Lorsque l’enfant a 6 ans, son père biologique (Félix Moati) décide de le récupérer. Pour Anna, le déchirement est trop grand : comment laisser partir celui qui l’a toujours appelée « Maman » ?

Second film de Fabien Gorgeart, La Vraie Famille confirme l’intérêt du cinéaste pour la complexité des liens familiaux, qu’il détricote avec une justesse exemplaire. Il confronte ici le statut du parent biologique et celui des parents adoptifs, sans jamais porter de jugement sur la légitimité de l’un ou de l’autre.

Avec bienveillance, le réalisateur ouvre de nouveaux horizons. La notion même de famille est alors en perpétuelle mutation.

Un récit aux échos intimes

Fabien Gorgeart, lorsqu’il était enfant, a vécu lui-même aux côtés d’un enfant arraché de son foyer à l’âge de 6 ans. Ce frère de cœur, dont il a vécu le départ comme un traumatisme, est ainsi à l’origine de son désir de cinéma et de ce long métrage autobiographique, qu’il fantasmait depuis plus de vingt ans.

Le cinéaste évoque E.T. l’extra-terrestre de Steven Spielberg (1982) comme principale référence. Ce chef-d’œuvre qui voit un être cosmique débarquer dans une famille américaine, laquelle va le prendre sous son aile avant de le voir repartir pour les étoiles.

La Vraie famille nous plonge aussi dans cet équilibre magique, résultat d’une alchimie inespérée entre distance réflexive et émotion immédiate. Dans le rôle d’Anna, la mère dépossédée, Mélanie Thierry brille d’une présence rare à l’écran et permet à chacun de s’identifier à sa douleur.

De quoi présager d’un avenir radieux pour Fabien Gorgeart, qui se taille déjà une place d’auteur à part entière dans le cinéma français.

Visuels de couverture et illustration : La vraie famille – Mélanie Thierry et Lyes Salem – Copyright Cédric Sartore