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Maison de retraite
Kev Adams et Liliane Rovère en interview
L’acteur-humoriste Kev Adams cosigne le scénario de Maison de retraite et invente un lieu où évoluent des pensionnaires déjantés. La preuve : on y retrouve même Liliane Rovère, légende vivante du vieux Paris qui, à 89 ans, n’a rien perdu de sa gouaille. Rencontre au sommet avec les deux trublions.
L’acteur-humoriste Kev Adams cosigne le scénario de Maison de retraite et invente un lieu où évoluent des pensionnaires déjantés. La preuve : on y retrouve même Liliane Rovère, légende vivante du vieux Paris qui, à 89 ans, n’a rien perdu de sa gouaille. Rencontre au sommet avec les deux trublions.
Maison de retraite - Kev Adams et Liliane Rovère en interview
Réalisé par Thomas Gilou (La Vérité si je mens !), Maison de retraite donne à voir un éternel loser (Kev Adams) condamné à jouer l’aide-soignant dans une maison de retraite en guise de travaux d’intérêt généraux. Sur place, il fait la rencontre des pensionnaires des Mimosas, campés par des figures du cinéma français : Daniel Prévost (Le Dîner de cons), Mylène Demongeot (Camping), Liliane Rovère (Dix pour cent), Firmine Richard (La Première étoile), Marthe Villalonga (La Dernière leçon) ou encore l’inimitable Gérard Depardieu. D’abord repoussé par ces personnes âgées, notre héros va peu à peu réaliser qu’elles ont bien des choses à lui enseigner…
Kev, vous êtes à l’origine du projet puisque vous l’avez coécrit. Racontez-nous sa genèse.
Kev Adams : J’ai été en partie élevé par mes grands-parents, qui ont joué une place primordiale dans mon éducation. Un jour, un ami qui a travaillé en Ehpad pendant trois ans m’a raconté de folles anecdotes sur son quotidien. Il m’a confié à quel point chaque journée pouvait être à la fois traversée par la joie, la crainte, le dégoût, l’émotion… J’ai d’abord pris des notes avant de me rendre compte qu’il y avait un film à faire à partir de ces tranches de vie. J’ai été rejoint dans mon projet par une coscénariste, Catherine Diament, qui a permis d’apporter fond et forme à ce récit initial. Elle a accompli un travail monumental.
Pourquoi avoir proposé la réalisation à Thomas Gilou ?
Kev Adams : Une fois la première version du script achevée, nous l’avons immédiatement envoyée à Thomas. J’avais très envie de travailler avec lui et il se trouve que l’histoire collait bien à son univers. Dans ses films Black Mic-Mac (1986) ou La Vérité si je mens ! (1997), on retrouve un personnage qui s’intègre progressivement à une communauté, le tout sur la base d’un partage mutuel. Le projet lui a plu tout de suite.
À quel point avez-vous écrit les rôles sur-mesure ?
Kev Adams : Nous avons d’abord écrit en pensant à des comédiens en particulier, sans savoir s’ils accepteraient. Les personnages campés par Gérard Depardieu ou Jean-Luc Bideau correspondent moins à ce cas de figure mais, typiquement, le rôle de Liliane Rovère était pensé pour elle. Elle a quelque chose d’ambivalent, entre la douceur et une certaine dureté. Je l’ai découverte sur le tard, via les séries Dix pour cent et Family Business, dans lesquelles elle est fantastique ! Liliane n’a pas besoin d’occuper longtemps l’écran pour qu’on la remarque.
Le scénario dévoile une dimension plus sombre, lorsqu’on apprend que les pensionnaires sont arnaqués. Kev, qu’est-ce qui vous plaisait dans cet exercice de contraste ?
Kev Adams : Charlie Chaplin, et Dieu sait que j’en suis un grand admirateur, a déclaré en son temps : « Avec la comédie, on peut tout dire. » Je suis totalement d’accord ; on peut tout dénoncer, tout montrer. Le film reste une comédie mais il me tenait à cœur de pointer du doigt des sujets sociétaux.
On sent que vous prenez du plaisir à soulever certains tabous autour du quotidien des personnes âgées…
Kev Adams : Absolument ! L’exemple le plus parlant est celui de la sexualité, à travers les rôles campés par Daniel Prévost et Marthe Villalonga. L’une de mes fiertés est de constater qu’en salles, lorsque les spectateurs sont confrontés aux scènes coquines entre Daniel et Marthe, ils ne poussent pas des hurlements de dégoût. Bien au contraire, ils ont le sourire jusqu’aux oreilles.
Liliane, vous imagineriez-vous dans une maison de retraite comme celle du film ?
Liliane Rovère : Telles qu’elles sont imaginées, difficilement. Ma fille m’a dit : « Maman, tu n’iras pas en Ehpad. Tu seras chez toi ou chez moi. » Mais si j’y étais, je pense que je ne perdrais pas mon caractère. J’aurais encore envie de vieillir, de jouer aux cartes, de discuter… Je ne sais pas si j’aurais encore envie de faire l’amour, par contre (rires). Tout est une question de santé : si on l’a, on a l’énergie.
La fin, très belle, invente un nouveau modèle de maison de retraite. Kev, vous êtes-vous inspiré de quelque chose d’existant ?
Kev Adams : Lorsque nous avons eu l’idée de regrouper maison de retraite et orphelinat, nous nous sommes dit qu’on tenait une idée révolutionnaire, à cela près qu’entretemps, des endroits similaires sont vraiment apparus en France ou en Angleterre (rires). C’est brillant ! Des études ont prouvé que les personnes âgées qui restent en contact avec de jeunes enfants sont en meilleure santé. De la même façon, les jeunes mûrissent plus vite.
Liliane Rovère : Les séparations arbitraires sont absurdes. Qu’est-ce que ça signifie, jeune ou vieux ? C’est comme le jour et la nuit : c’est un même continuum, ça ne va pas l’un sans l’autre. Lorsqu’on veut séparer la tête du cœur et le cœur du ventre, ça ne va pas non plus. C’est une unité. Rassembler les vieux entre eux est une drôle d’idée…
Visuels de couverture & illustration : Firmine Richard, Kev Adams, Mylène Demongeot, Gérard Depardieu – Maison de Retraite | Copyright Angela Rossi
En salles le
16 février 2022
16 février 2022