MEMORY BOX

Chasse aux trésors

Montréal, le jour de Noël. Maia et sa fille, Alex, reçoivent un mystérieux colis en provenance de Beyrouth. Ce sont des cahiers, des cassettes et des photographies, toute une correspondance, que Maia, de 13 à 18 ans, a envoyé de Beyrouth à sa meilleure amie partie à Paris pour fuir la guerre civile. Si Maia refuse d’affronter ce passé, Alex s’y plonge en cachette. Elle y découvre, entre fantasme et réalité, l’adolescence tumultueuse et passionnée de sa mère dans les années 80 ainsi que des secrets bien gardés.

En combinant archives réelles et refabriquées, Memory Box établit un croisement entre traces documentaires et recréation fictionnelle. Le film se base en effet sur des écrits ainsi que sur des archives sonores et visuelles pour recréer tout un univers et proposer une plongée très sensible dans l’intimité d’une jeune femme des années 80. Le couple de réalisateurs en profite pour établir une savoureuse histoire de la photographie argentique – au gré de planches-contact, de polaroïd, de super 8… Une matière extrêmement riche qui fait surgir une émotion de tous les instants.

Au-delà de cette recherche formelle, Memory Box vaut aussi pour son discours sur la passation et l’exercice difficile de communication entre les générations. Car ce sont ici trois femmes d’âges différents dont les histoires et réflexions se croisent : Téta, la grand-mère, qui craint que les souvenirs ne remontent à la surface ; Maia, qui ne parle plus sa langue maternelle par volonté d’intégration ; et Alex qui tente de remonter le temps et de déterrer ces secrets tus. De ces démarches intimes finissent par émerger une rencontre, un dialogue que Joana Hadjithomas et Khalil Joreige soulignent avec beaucoup de pudeur.