LA LEÇON D’ALLEMAND

Un enfant face à l’histoire

Deux amis d’enfance, Jens Jepsen et Max Nansen, l’un devenu officier de police, l’autre peintre, se déchirent dans une Allemagne nazie qui condamne « l’art dégénéré » et contraint ses forces de l’ordre à une obéissance aveugle. Au milieu se trouve Siggi, le jeune fils de Jens, témoin de l’affrontement entre les deux hommes. Pour s’émanciper de l’autorité paternelle, ce dernier va défier les lois liberticides de son pays en s’engageant aux côtés du peintre…

Fruit d’une collaboration entre le cinéaste Christian Schwochow (De l’autre côté du mur, Paula) et sa propre mère, scénariste de renom, La Leçon d’allemand est l’œuvre d’un esthète à la personnalité bien affirmée. Avec un goût pour la picturalité, il compose ses images comme des tableaux vivants, à la fois amples et fixes, signifiant par là une forme de rigidité propre à l’époque qu’il dépeint.

Loin de la ville, le récit est situé dans les paysages immémoriaux d’une côte isolée. En lieu et place de la violence habituellement mise en scène pour raconter la période, le réalisateur préfère suggérer l’aliénation des esprits orchestrée par les agents du régime ; en résulte un tortueux film mental, du point du vue du dilemme moral qui hante le jeune Siggi. Tout en métaphores oniriques comme autant de prouesses visuelles, La Leçon d’allemand parvient ainsi à exprimer l’horreur par des voies détournées et à en tirer un propos universel.