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THÉRÈSE
Un miracle signé Alain Cavalier
Un film envoûtant qui ne ressemble à aucun autre. Un film à la fois dépouillé et magique, hors du temps et des modes. Le portrait inattendu d’une jeune religieuse débordant de vie et d’amour, Prix du Jury à Cannes en 1986 et lauréat de six César (meilleurs film, réalisateur, espoir féminin, scénario, photo, et montage). Thérèse d’Alain Cavalier s’invite dans les cinémas UGC le 30 décembre pour vous faire (re)découvrir sa maestria.
Un film envoûtant qui ne ressemble à aucun autre. Un film à la fois dépouillé et magique, hors du temps et des modes. Le portrait inattendu d’une jeune religieuse débordant de vie et d’amour, Prix du Jury à Cannes en 1986 et lauréat de six César (meilleurs film, réalisateur, espoir féminin, scénario, photo, et montage). Thérèse d’Alain Cavalier s’invite dans les cinémas UGC le 30 décembre pour vous faire (re)découvrir sa maestria.
THÉRÈSE - Un miracle signé Alain Cavalier - ILLIMITÉ
Qu’on soit croyant ou pas, Thérèse jouit d’une grâce infinie tout en ayant justement pour thème… la grâce. Un film porté par une jeune actrice (Catherine Mouchet), elle-même habitée par la bonté, et réalisé par un cinéaste singulier dont le parcours est fait de ruptures et d’absences, de renoncements et d’élans de liberté jubilatoires, et qui, aventurier discret et solitaire, a construit une œuvre unique dans l’histoire.
Alain Cavalier n’a pas toujours été le « filmeur » qu’il se revendique aujourd’hui, c’est-à-dire un artisan libéré de tout artifice et de tout dispositif, en marge de « l’industrie » et de son économie, qui préfère les « vraies gens » aux acteurs, et le réel à la fiction – même s’il lui arrive encore de s’en amuser (Pater dont il partage la vedette avec Vincent Lindon, 2011). Avec sa petite caméra numérique, il filme désormais sa vie de tous les jours, ses interrogations, ses bonheurs, son visage, sa compagne, ses amis, des inconnus qui attirent son attention, des existences qui éveillent sa curiosité. Parfois, cela donne naissance à des films, parfois non.
Une vie dévouée à l’amour
Alain Cavalier a débuté dans les années 60 par des films « classiques » aux castings de stars. Mais après La Chamade avec Piccoli et Deneuve en 1968, il disparaît. Il revient huit ans après, stimulé par de jeunes acteurs qu’il filme de manière quasi documentaire (Le Plein de super et Martin et Léa), il enchaîne avec un journal intime désespéré (Ce répondeur ne prend pas de messages), puis avec Un étrange voyage, qu’il a écrit avec sa fille, Camille de Casabianca, qui en partage la vedette avec Jean Rochefort, et qui lui vaut le prix Delluc en 1981. Suivent cinq années de silence.
C’est l’émotion que suscite en lui la relecture du journal intime d’une jeune fille en quête d’absolu et morte trop tôt qui lui donne envie de revenir derrière la caméra. C’est le journal de Sainte Thérèse de Lisieux, entrée au Carmel à 15 ans pour épouser le Christ et morte à 24 de la tuberculose, en 1897, dont il va écrire l’adaptation à nouveau avec sa fille. Si Cavalier a été marqué par la foi catholique de son enfance, il est surtout touché par le mystère de cette vie, tout entière dévouée à l’amour, par la pureté, la simplicité et la joie que cette jeune femme irradie – et par les doutes qui l’assaillent parfois.
Religion intime
Mais il est aussi passionné par la manière dont il va pouvoir s’approcher au plus près de cette Histoire d’une âme. Au cheminement spirituel de son héroïne va correspondre sa volonté de stylisation et de dépouillement. Très vite, il renonce à tourner dans un couvent ou dans des décors, et choisit de filmer en studio sur un fond gris bleu, avec juste quelques accessoires. Il soigne les lumières avec son chef-op’, Philippe Rousselot, joue de l’ombre et de la lumière, des voiles et des robes des religieuses, et décide de composer son film en une succession de près de 500 plans presque toujours fixes, rythmés par des fondus au noir, comme autant de moments « volés ».
Une succession d’instants du quotidien, joyeux et graves. Des rituels, des gestes, des sensations, des sentiments, des émotions, et des visages… L’essence d’une vie. Mais cela ne serait que décision théorique si chaque image du film n’était pas littéralement habitée, transcendée, par son interprète principale : Catherine Mouchet, actrice de théâtre à qui Alain Cavalier donne son premier rôle au cinéma (elle gagnera un César). Regard intense, sourire radieux, gravité un rien mélancolique, elle est de chaque plan. La force de l’évidence. Rarement interprète, cinéaste et sujet auront été autant en harmonie. Rarement film aura été aussi cohérent, aussi simple et beau, aussi vivant et vibrant. Un miracle.
Texte : Jean-Pierre Lavoignat
Copyright DR
En salles le
13 septembre 1986
13 septembre 1986