ROSE

Impériale Françoise Fabian

Rose (incarnée par la sublime Françoise Fabian, affublée de son inimitable mèche blanche) a 78 ans et vient de perdre son mari, le grand amour de sa vie. Chancelante, elle débute un douloureux processus de deuil aux côtés de sa famille juive. Contre les a priori et autres assignations, elle décide de reprendre en main son existence et d’affirmer la légitimité de son désir…

Pour sa première réalisation, la touche-à-tout Aurélie Saada a sans doute puisé dans son expérience personnelle, elle qui est née à Paris de parents juifs tunisiens. Joliment documenté sur les traditions religieuses qui soudent la famille, Rose fait aussi la part belle à la matriarche incandescente auquel il donne son titre. Plus qu’un simple personnage, cette dernière porte à elle seule les vibrations émotionnelles du récit et fait corps avec son interprète, Françoise Fabian, muse de la Nouvelle Vague.

Un éveil à rebours

Irradiant l’écran de son allure féline, l’actrice dévoile un éventail de jeu sans pareil et envoie valser les préjugés sur le troisième âge, souvent représenté dans des rôles lisses ou monstrueux. La Rose d’Aurélie Saada est d’une complexité salutaire et, au-delà de sa fantaisie assumée, c’est un continent érotique que sa condition de veuve réveille brutalement. Avec un regard toujours bienveillant, la réalisatrice accompagne sa muse dans sa passion retrouvée ; mieux, elle fait front avec elle. En résulte un récit lumineux en forme de récit d’apprentissage inversé, où une femme libre apprend à redécouvrir le monde et ses plaisirs à un âge avancé. Après tout, on sait trop bien qu’il n’y a pas d’âge pour (s’)aimer…

Photo de couverture : ROSE 3 ©Silex Films – Germaine Films 2021