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ROCKY
Une épopée typiquement américaine
Bien plus qu’un film culte, la naissance d’un mythe… Avec l’histoire toute simple d’un boxeur ringard qui accepte d’affronter un champion, Sylvester Stallone aborde un sujet fédérateur : qu’importe de gagner, seul importe le fait d’essayer. À l’occasion de la programmation de Rocky lors des soirées UGC Culte, petit rappel des faits que le mythe a fini par faire oublier.
Bien plus qu’un film culte, la naissance d’un mythe… Avec l’histoire toute simple d’un boxeur ringard qui accepte d’affronter un champion, Sylvester Stallone aborde un sujet fédérateur : qu’importe de gagner, seul importe le fait d’essayer. À l’occasion de la programmation de Rocky lors des soirées UGC Culte, petit rappel des faits que le mythe a fini par faire oublier.
Peu nombreux sont ceux qui ont réussi à créer au cinéma une figure mythologique quasiment aussi forte et universelle que le Charlot de Chaplin. Sylvester Stallone, lui, y est parvenu. Est-ce parce que l’histoire de Rocky – qu’il a écrite et interprétée – est comme une métaphore de sa vie ? En tout cas, en alliant sincérité, authenticité et volonté, il a su donner chair et sang, vie et émotion à ce qui n’aurait pu être que des clichés, et par là même toucher les spectateurs au cœur. Ce n’était pourtant pas gagné !
Au début des années 70, Sylvester Stallone est un jeune acteur qui va de courtes apparitions en petits rôles, de séries télé en séries B (en passant même par un film érotique soft !) ; sa carrière patine. Il écrit alors un scénario sur fond de combats de catch amateurs mais ne parvient pas à monter le film (le succès de Rocky le lui permettra : Paradise Alley sera, en 1978, sa première mise en scène). Un soir de mars 1975, il regarde un combat de boxe entre Mohamed Ali et un boxeur quasi inconnu, Chuck Wepner, lequel tient non seulement quinze rounds face au champion du monde, mais le met une fois au tapis, avant de perdre par K.O. technique. Touché par cette « belle histoire » – véritable allégorie du rêve américain – Stallone y voit l’idée d’un film. Il rencontre Wepner, lequel lui parle de sa vie, de sa femme et de sa passion pour un champion qui, lui, n’a subi aucune défaite : Rocky Marciano.
Un succès planétaire
Il ne reste plus à Stallone qu’à se mettre au travail. Facile : pour raconter cette histoire où une personne ordinaire retrouve un sens à sa vie à force de détermination et de courage, il n’a qu’à puiser dans sa propre rage de s’en sortir, dans ses angoisses et espoirs. Ce n’est pas tant un film de boxe qu’il écrit qu’une histoire bouleversante de rédemption sur fond de constat social et d’histoire d’amour. Les studios sont emballés et les enchères montent mais Stallone a une exigence inflexible : jouer Rocky Balboa. Tous hésitent. On parle de Redford, James Caan, Burt Reynolds, Ryan O’Neal… mais le comédien et scénariste tient bon et United Artists finit par céder.
Son adversaire sera joué par Carl Weathers, ex-joueur de football américain, et son grand amour (comment oublier ce « Aaadriaaaan » hurlé huit fois à la fin du film, cri d’amour aussi déchirant qu’exaltant ?) par Talia Shire, sœur de Coppola, vue dans Le Parrain. John G. Avildsen, qui n’a dirigé que peu de films mais a une solide expérience des plateaux, est choisi pour réaliser Rocky, qui sortira en 1976. Malgré moins d’un mois de tournage, ses partis pris de mise en scène, sa lumière naturaliste, son usage du tout nouveau steadicam que Shining rendra incontournable, son sens du rythme et surtout l’incarnation de Stallone – charismatique et vulnérable à la fois – assureront la réussite du film.
La suite appartient à l’histoire : triomphe planétaire (225 millions de dollars de recettes pour un budget d’un million), dix nominations aux Oscars (dont deux pour Stallone : acteur et scénario, ce qui n’était alors arrivé qu’à Chaplin et Orson Welles !), trois statuettes (meilleurs film, réalisateur et montage), sept suites écrites par Stallone (qui en met quatre en scène) avec un revival dans les années 2000 où l’effet miroir Rocky/Stallone fonctionne à plein et remet l’acteur en selle… Car évidemment, son propre destin de petit acteur devenu l’une des stars les plus connues au monde n’a fait qu’alimenter le mythe. Rocky ou l’une des plus belles histoires du cinéma.
Jean-Pierre Lavoignat
Photo de couverture : Sylvester Stallone et Burgess Meredith – Rocky | Copyright Chartoff-Winkler productions
30 mars 1977